Un recueil envoûtant et percutant où rien n'est laissé au hasard. 
Vous aussi, laissez-vous porter par le Tenebris...

Pour public averti.

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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Artémis Tanner pour m'avoir proposé un second livre en SP via le site SimPlement.

J'en profite pour valider la catégorie n°40 (Livre dont le titre contient la lettre K) du Défi Lecture 2023. 

Concernant la couverture, elle reflète bien le côté sombre de ce livre, mais est peut-être un peu trop sobre pour réellement attirer et fixer l'œil.

Concernant la plume d'Artémis Tanner, j'ai pris beaucoup de plaisir à la retrouver. J'ai trouvé qu'elle avait gagné en maturité et en fluidité. J'ai tout de suite été intriguée puis happée par ce recueil à l'ambiance aussi mystérieuse et envoûtante que glauque et macabre. Ce qui fait que je l'ai dévoré en peu de temps.
Je déplore néanmoins un peu trop de coquilles (signalées ne vous inquiétez pas).

Petit avertissement en passant. J'aime ce type de lecture, donc rien ne m'a paru choquant, trop gore ou insoutenable. Sachez néanmoins que ce livre est réservé à un public averti. En effet, vous y côtoierez la mort, le viol (rien de vraiment décrit, ne vous inquiétez pas, et très peu présent également), la peur, l'enfermement et le sang. Vous voilà désormais prévenus !

Nous avons donc là un recueil de quinze nouvelles. Un de plus parmi tant d'autres, vous direz-vous. Oui... mais non. Toutes les nouvelles sont reliées entre elles, d'une façon où d'une autre. Même si l'auteure joue un peu avec nous, rien n'est laissé au hasard et je peux vous dire qu'on en redemande. Enfin en tout cas, moi oui. ;-)

De part les lieux et les dates (chut, gardons un peu de surprises quand même ! lol), on peut déjà voir que le Tenebris a vu un peu de tous les pays ainsi que de toutes les époques. Les supports du récit changent aussi : on peut aussi bien avoir un journal intime, qu'un souvenir raconté par quelqu'un d'autre, un témoignage, une pièce de théâtre (je suis moins fan de ce genre, mais j'ai aimé ce "risque" et le parti pris)...

Comme dit plus haut, j'aime le fait que les nouvelles soient rattachées entre elles (et encore plus avec la n°0), sans pour autant se passer aux mêmes époques ni aux mêmes lieux. Alors oui, forcément, avec le Tenebris en fond, c'est assez évident. Mais ce que j'ai beaucoup apprécié, c'est qu'elles soient reliées par de petites choses, comme un souvenir, un lieu, un personnage juste évoqué dans l'une qui apparait dans l'autre... On en apprend donc un peu plus sur cet étrange endroit mouvant et sur ses occupants au fil des pages.

Parlons-en un peu, justement. Tenebris ou Circus Tenebris en ce qui nous concerne, c'est un refuge pour les monstres désirant être protégés des humains, dans un certains sens. Vous verrez que tous n'ont pas la même vision des choses. D'apparence, c'est un simple cirque donnant des représentations. Oui, d'apparence. Mais si jamais vous veniez à croiser son chapiteau, sachez qu'il n'est jamais là où il est par hasard. Peut-être même est-il là pour vous aujourd'hui ?

Si jamais vous veniez à y entrer, vous y croiseriez des artistes, certes, mais aussi de dangereuses créatures, et ce sans même le soupçonner. Ainsi, le vampire, côtoie la sirène, le lycanthrope, la sorcière, le fantôme, le windigo, la harpie, le golem et tant d'autres... Le Kochtcheï lui même vient de contes russes, dépeint comme un "immortel" enlevant des gens. Dans un sens, je pense que la façon dont Artémis Tanner l'a remanié n'est pas sans respect pour sa légende. Mais je ne vous en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir de le découvrir par vous-même.

Oui, cette histoire parle de monstres, mais sont-ils pour autant toujours surnaturels ? Je vous laisserai en juger par vous-même. Ce qui est certain, c'est que beaucoup de personnages rencontrés sont éclopés, parfois physiquement, mais souvent mentalement par une épreuve vécue. Parfois, ils sont juste au mauvais endroit au mauvais moment. Mais leur apparition a toujours un sens. Il est de temps en temps (régulièrement) question de nourriture (bah oui, ça mange tout ce petit monde, et ça n'aime pas vraiment les légumes, si vous voyez ce que je veux dire...), souvent de protection, du regard porté sur la différence d'autrui, mais la cohabitation n'est pas du tout en reste. Elle est même fondamentalement présente.

Le tout baignant dans le mystère, la tension, la peur et le surnaturel. C'est vraiment une ambiance qui m'a happée tout du long, avec l'envie de tourner toujours plus de pages. Du coup, c'est avec un grand regret que je suis arrivée à la dernière et c'est avec un soupir de tristesse que j'ai refermé ma liseuse.

Je trouve que le Magnus Codex (ce listing des personnages principaux surnaturels, avec leur histoire et leur fonction au sein du Tenebris) à la fin du recueil est une excellente idée. Je n'y ai pas eu recours durant ma lecture (je n'en ai pas véritablement eu besoin pour savoir qui était qui), ne voulant pas risquer de me spoiler. Je l'ai donc lu après avoir terminé les nouvelles et je pense que j'ai bien fait. J'ai ainsi pu vraiment savourer quelques pages de plus au sein de cette troupe à laquelle je me suis attachée malgré ses... particularités, dirons-nous. lol De plus, j'ai trouvé vraiment plaisant de terminer ma lecture par une connaissance plus approfondie des personnages côtoyés au fil des pages, de me dire "Ah oui d'accord ! Je comprends mieux !". Il est vrai que j'aurais peut-être plus profité de la nouvelle à l'instant T avec ces informations mais, dans un autre sens, y réfléchir après coup m'a fait me replonger dedans et c'était très appréciable de voir les choses autrement après coup.

En résumé, j'ai vraiment passé un excellent moment entre les pages de ce recueil qui n'est pas passé loin du coup de cœur. J'ai aimé son ambiance mystérieuse et un peu angoissante, ses personnages surnaturels comme les simples humains qui croisent leur route, souvent à leurs dépends d'ailleurs. Les valeurs du Tenebris sont fortes, pas toujours justes pour certains peut-être, mais cette grande famille va indéniablement me manquer malgré son côté sombre. Le codex à la fin est un joli plus.

          Pour le dévorer, c'est par ici.