• La maitresse de Jade - Catherine Lim

    La maitresse de Jade - Catherine Lim 

     

     

    A Singapour, dans les années 50, le combat poignant d'une jeune servante chinoise, contre la tyrannie d'un système archaïque pour conquérir l'amour d'un homme que leur différence de condition lui rend inaccessible.

     

     

     

    Résumé :
    Une nouvelle grossesse et déjà trop de bouches à nourrir contraignent la mère de la petite Han à la vendre comme servante à une famille riche, la Maison des Wu. Pour l'enfant de 4 ans, c'est un arrachement. Dans ce monde clos qui, en cette seconde moitié du XXème siècle, vit selon des modèles ancestraux, sous la férule du Maître et de la Maîtresse, Han, l'enfant fière et rebelle, grandit avec le jeune Wu, l'unique héritier et futur maître de la Maison. Les deux enfants deviennent d'inséparables compagnons de jeux. Mais le fossé qui les sépare - inégalité de sexe, de rang, de condition - va aller en se creusant...

    ~ * ~ * ~

    Extraits :
    Un plateau de cendres attendrait l'enfant sur le point de naître. La première chose que faisait la sage-femme après avoir sorti l'enfant était de regarder entre ses jambes, espérant pour le bébé voir le petit bout de chair prometteur et non la fente infamante.
    "Une fille", disait la sage-femme avec tristesse, et elle serait autorisée à enfoncer la tête de l'enfant dans la cendre, pour l'étouffer avant qu'elle ne pousse son prochain cri. Parfois, des chiffons ou un seau d'eau faisaient l'affaire. Ayant moins de valeur que la bouse de buffle ou les tiges de riz, la petite fille nouveau-née était jetée à la décharge.

    ⇒ Des années plus tard, quand elle serait une jeune femme, le souvenir de cette journée, la dernière avec sa famille, reviendrait souvent dans ses pensées les plus profondes. Elle serait alors capable de se rappeler, avec une très grande précision de détails, l'arrachement à la chaleur du lit, les éclaboussures d'eau froide, le frottement contre son visage et son corps de ce ventre dur et rond et de ces mains rendues sèches par les travaux. Mais ce jour-là, elle choisit de mettre tout cela de côté. A la place, elle ne garda en mémoire que la grâce et la tendresse, la bouillie au riz et à l’œuf spécialement préparée pour elle, les beaux vêtements neufs, ses frères et sœurs réunis pour lui dire au revoir, l'arc de cercle glorieux de sa promesse.

    ~ * ~ * ~

    Mon avis :
    J'ai mis un certain temps à terminer ce livre (reprise du travail = beaucoup moins de temps pour lire), mais je ne suis pas mécontente d'avoir pu le faire. Merci belle-maman. ^^

    Han a un caractère fort, impétueux, entier. Cela lui vaudra pas mal d'ennuis et d'ennemis, de même que sa beauté une fois en âge d'être remarquée par les hommes. Mais elle est aussi maline, intuitive et réactive, ce qui la tirera parfois de situations difficiles. A part certaines phases de son enfance (ou je la trouvais juste méchante), j'ai beaucoup aimé ce personnage et sa rage de vivre, de survivre. Une vraie force de la nature rempli d'un amour immense et inconditionnel, prête à donner sa vie pour celui qu'elle aime.
    Ses sentiments pour le jeune maître Wu seront le point central de ce roman. Jeune maître Wu que j'ai eu envie de gifler au début du livre : quel enfant gâté, hautain et désagréable ! Parfois cruel et morbide aussi, ainsi que Han, lors de leurs plaisanteries. Heureusement, il fini par grandir. ;)

    J'ai eu beaucoup d'affection pour le personnage de Face de Crachat, personnage laid et simple d'esprit, mais si attachant, surtout pour sa gentillesse, ses attentions, son amour et sa fidélité.

    Ce livre nous montre sans tabou qu'elle était la vie à laquelle pouvait s'attendre une fille née de parents pauvres. Et encore ! Même vendue, Han a eu la chance de tomber dans une bonne famille, ce qui n'est pas la chance de toutes !
    On y découvre qu'elle était la vie des servantes à Singapour, à cette époque entre le travail, les complots et alliances entre servantes, les harcèlements et même parfois les abus sexuels. Nous sommes dans un monde où l'Homme est l'être suprême et où la femme n'a pas vraiment (voire pas du tout) son mot à dire. Sans oublier le fait que mettre au monde une fille est la pire chose qui puisse arriver à une femme, surtout pauvre. Enfin non, la pire chose serait de ne mettre au monde que des filles...
    Ce qu'ils ne semblaient pas comprendre à cette époque (et même encore parfois maintenant), c'est que si plus aucune fille ne naissait, au bout d'un moment il n'y aurait plus personne pour porter les enfants de ces messieurs et, dans ce cas, comment pourraient-ils assurer la pérennité du prestigieux nom de leur famille ? ;)

    On y comprend aussi l'importance du rang et la façon dont les riches évitent de se mêler aux pauvres, surtout niveau mariage.
    La religion, les divinités, les croyances sont très présentes. On parle souvent de rituels, de prières, d'exorcismes, d'offrandes. Nous sommes dans un monde où le simple hululement d'une chouette est un signe annonciateur de mort. Je suis loin, très loin même, d'être croyante, mais cette façon de vivre, quelque part, pour avoir la bénédiction de leurs Dieux me fascine beaucoup.

    En résumé, malgré un style parfois un peu brouillon de l'auteur qui fait que l'on se perd un peu dans l'histoire, j'ai apprécié cette lecture et ce que j'ai pu y apprendre (même si ce n'est pas le premier livre de ce genre qui passe entre mes mains).
    J'ai beaucoup aimé la façon dont le prologue et l'épilogue se rejoignent.
    Un livre que je recommande, peut-être pas pour les plus jeunes parce qu'il y a beaucoup de choses à assimiler et quelques scènes un peu dures, ne serait-ce que si vous aimez la culture asiatique ou que vous voulez vous y initier.

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