Blog d'une passionnée de lecture.
Jec et Oge sont deux jeunes Sixirs, des êtres dotés d'un pouvoir qu'ils ne maîtrisent pas. Difficile de vivre avec quelqu'un capable d'enflammer ce qu'il touche à tout moment, incapable de se contrôler.
Et au Royaume d'Eresi, tout ce qui a trait à la magie est voué à être éliminé : végétaux, animaux ou humains. Les deux amis vivent donc reclus au milieu de la montagne au sein d'une communauté de parias, jusqu'au jour où le sanctuaire et ses habitants sont massacrés par les soldats du Prince. Oge et Jec vont tenter de se venger mais rien ne se passera comme prévu et ils vont devoir fuir, traqués par des hommes de main de royaume. De rencontres inattendues en accidents de pouvoir, le périple s'annonce semé d’embûches et d'épreuves.
Existe-t-il un lieu où vivre en paix et survivront-ils assez longtemps pour le découvrir ?
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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Thierry Martin pour m'avoir proposé son livre en SP via le site SimPlement.
J'en profite pour valider la catégorie n°48 (Livre qui peut rentrer dans 4 autres catégories du défi 2024) du Défi Lecture 2024.
Concernant la couverture, je la trouve jolie. On y voit les éléments importants de l'histoire, les couleurs sont harmonieuses. J'aime énormément le fait que l'on voit les personnages principaux de dos, parce que celui de droite peut être soumis à interprétation voire être double. Oui, dit comme ça ça parait un peu du n'importe quoi. Mais après lecture, vous comprendrez. ;-)
Concernant la plume de Thierry Martin, je l'ai trouvée fluide et agréable, joliment descriptive, ce qui est un très bon point pour un premier roman, avec néanmoins quelques petites maladresses (mais pas méchantes). L'univers est travaillé, les personnages fouillés. Il y a de l'émotion, du suspense, de l'action, de l'humour, des rebondissements... Un savant mélange qui nous pousse à tourner les pages avec envie et plaisir.
Seule ombre au tableau pour moi, c'est que le livre est bourré de coquilles (principalement d'accords et de conjugaison, mais aussi de ponctuation avec des questions dans la narration qui n'ont jamais de point d'interrogation...). Du coup, ça pique les yeux (mais sans pour autant être illisible non plus, ne vous inquiétez pas).
L'auteur nous met d'entrée de jeu dans le bain avec son prologue. Je ne vais pas vous en dire plus à son sujet, mais il sait capter notre attention dès la première page.
Nous sommes dans un univers fantasy, au royaume d'Eresi qui, je trouve, s'associe bien à son homophone "hérésie" : doctrine, opinion émise au sein de l'Église catholique et condamnée par elle. Sauf qu'ici, pas d'Église, mais un Prince et donc un royaume tout entier qui condamnent la magie. Tout être vivant magique sera systématiquement tué, qu'il soit humain, animal ou végétal.
C'est dans ce contexte que nous faisons la connaissance d'Oge et de Jec, deux Sixir, deux humains doués de magie, qui quittent leur sanctuaire caché au fond de la montagne pour aller s'amuser en ville incognito, profitant d'une grande fête.
Rien ne les démarque des humains normaux, alors ce devrait être facile pour eux de se fondre dans la masse. Oui... mais non. Être Sixir, c'est n'avoir aucun contrôle sur sa magie, qui va surtout se déchaîner lors de très fortes émotions.
Si Jec est d'un tempérament plutôt joyeux, curieux et calme, amoureux de la musique, cela lui permet de faire un peu oublier sa grande taille, sa peau noire et ses longs cheveux tressés.
Oge, à son contraire, est d'une stature plus petite, plus trapue qui lui permet de ne pas se faire remarquer. Il a cependant un caractère beaucoup plus impulsif et explosif. Autant le pouvoir de Jec peut passer inaperçu, autant le sien est capable de faire des ravages... surtout lorsque son utilisateur ne contrôle rien.
Après quelques péripéties, en rentrant au sanctuaire, ils découvrent une scène d'apocalypse : leur village et tous ses habitants sans exception ont été massacrés par les soldats du Prince.
Dès lors, Oge n'aura plus qu'une seule obsession : se venger. Restant aux côtés de son ami, Jec aura lui une autre motivation : trouver un mystérieux sanctuaire qui pourrait être un refuge pour les êtres magiques. Mais pas facile quand les seuls indices sont des énigmes dont les emplacements sont difficiles à trouver... et que l'on n'a aucune garantie de ne pas courir après une chimère. Le jeu de piste pourrait s'avérer plus dangereux que prévu...
Les deux jeunes gens vont devoir faire face à beaucoup d'adversité, mais feront aussi de belles rencontres au fil de leur périple. Ils vont devoir faire attention à leur vie à chaque seconde, traqués comme du gibier, dans des conditions souvent difficiles. Je peux vous dire que l'auteur est loin d'être tendre avec ses personnages, très loin...
J'ai beaucoup apprécié suivre ces deux amis diamétralement opposés, tant physiquement qu'au niveau du caractère. Ils forment un bon duo. J'ai également beaucoup apprécié Iamé, très attachant. La princesse Ize est aussi très intéressante parce qu'elle doit s'adapter à un train de vie plus... rustique que le sien et que ce n'est pas toujours facile. Mais j'ai aussi beaucoup apprécié qu'elle ne change pas du tout au tout pour devenir... quelqu'un d'autre. Malgré tout ce qu'elle a vécu, elle garde en elle et sur elle le fait d'être une princesse, avec son arrogance et parfois un peu de supériorité. Cela aurait pu la rendre antipathique, mais j'ai trouvé que cela renforçait au contraire son authenticité. Elle s'adapte, mais sans renier qui elle est, enfin qui elle était. Oui, c'est s'accrocher au passé... Mais personne n'est parfait. ;-)
Dragan et Kimpa, les traqueurs du Prince, sont aussi des personnages intéressants, bien que plus déplaisants, méchants obligent. Mais je ne les ai pas non plus détestés. Au contraire de Cal, qui m'est sorti par les yeux du début à la fin.
Le fait d'avoir le point de vue de tous ces personnages permet de mieux les connaître, de mieux les apprécier (enfin pas Cal, ni le Prince d'ailleurs lol) et de mieux les comprendre. Cela apporte aussi pour moi un petit truc en plus au récit, un petit coup de fouet (pas que l'histoire soit inintéressante, attention !) qui nous permet de brasser beaucoup plus d'émotions et de situations qu'avec un seul point de vue. Passer de la fuite à la traque, par exemple, est vraiment très intéressant.
Ce qui est aussi très intéressant ce sont les différences politiques et physiques des deux cités principales : société patriarcale en Eresi, élimination des Sixtir et une ville simple et terne contre une société matriarcale en Domuriki où l'on exhibe les Sixir comme des phénomènes de foire dans une ville colorée et assez exubérante.
J'ai beaucoup apprécié ces différences culturelles, mais aussi les nombreux paysages traversés par nos protagonistes qui sont très bien et joliment décrits.
Concernant la fin, je l'ai appréciée, mais elle me laisse un petit goût de pas assez et un pincement au cœur de quitter ces personnages attachants. Mais j'ai cru voir que Thierry Martin était sur le T2. Je pensais que c'était un one-shot, donc je suis joie. ^^
En résumé, j'ai vraiment passé un très bon moment avec ce livre à la plume fluide et agréable (malgré de nombreuses coquilles). L'univers est riche et bien travaillé, les descriptions de paysages très jolies, les personnages attachants, différents et fouillés. On navigue entre émotion, action, jeu de piste, suspense, traque, fuite, survie, rebondissements, trahison et amitié. Une fois commencé, on n'a plus envie de s'arrêter. Pour un premier roman, je dis bravo !
P.S. : Ma note aurait dû être 4/5, mais j'ai enlevé un demi point à cause des trop nombreuses coquilles.
Pour le dévorer, c'est par ici.