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Kintsugi - Le fil doré de ma vie - Mathilde Paris
Un roman plein d'émotions sur la reconstruction après un drame.
Tout ce qui a été cassé peut être réparé.
Elle est partie.
Maman est partie.
Elle a pris avec elle son odeur, le sourire de Papa, l'innocence d'Ebony, tous nos espoirs.
Chaque jour reflète son absence.
Heureusement, il y a mes quatre Fantastiques : Hugo, Tessa, Suze et Benji. Mes bouées de secours.
Il y a aussi l'eau qui me berce.
Ces rencontres qui font vibrer.
Ces moments de joie qu'on n'attendait plus.
Et surtout, il y a Sam.Comment continuer quand tout vole en éclats ?
Peut-être en recollant chaque morceau, patiemment, avec le fil doré de la vie...Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Je voudrais tout d'abord commencer par remercier la Masse Critique Babelio ainsi que les éditions Auzou pour cet envoi.
J'en profite pour valider la catégorie n°74 (Livre dans lequel un des personnages fait du bénévolat) du Défi Lecture 2022. Ici, c'est Sam qui est bénévole dans un foyer.
Concernant la couverture, elle attire l'œil de par la couleur ainsi que la taille imposante de son titre qui, si comme moi on aime le Japon, fait tout de suite tilt par sa consonance. On remarque ensuite ces sortes de fissures dorées, puis ce fond bleu foncé. Le tout est parfaitement en adéquation avec l'histoire.
Concernant la plume, j'ai fait une très belle découverte avec celle de Mathilde Paris. Elle est à la fois adaptée à un public adolescent sans pour autant infantiliser un public adulte, ce qui n'est pas toujours le cas. Elle se montre aussi fluide et agréable, tantôt agressive, tantôt pleine d'émotions, tantôt jouant avec la poésie.
Mais avant de commencer... Kintsugi... Ce mot est bien joli, exotique, certes, mais kézako ?Le kintsugi (jointure en or) est une méthode japonaise de réparation des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d'or. Le kintsugi s'inscrit dans la pensée japonaise du wabi-sabi qui invite à reconnaître la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites et atypiques. L'art du kintsugi est également souvent utilisé comme symbole et métaphore de la résilience en psychologie.
Lorna est une adolescente de seize ans sans histoire, avec une vie simple. Enfin en surface. Et puis un jour, en rentrant du lycée, elle s'aperçoit que sa mère n'est plus là. Elle n'a laissé en partant qu'un mot sur un post-it, deux licornes en peluche pour ses filles ainsi un immense vide et une vague d'incompréhension dans son foyer.
Pourquoi ce départ ? Pour aller où ? Ne les aime-t-elle plus ? Reviendra-t-elle un jour ? Autant de questions qui vont mettre Lorna, Ebony sa sœur de six ans et leur père au supplice. Ce roman parle de cette disparition, des émotions qu'elle provoque, mais aussi du lent et douloureux processus de reconstruction qui va suivre.
L'histoire est du point de vue de Lorna, la grande sœur. Dévastée par le chagrin, la colère et l'incompréhension, elle va peu à peu se replier sur elle-même et n'être plus qu'une boule de nerfs, impulsive, prête à exploser à tout moment. Heureusement, elle pratique régulièrement l'apnée en piscine, ce qui a le don de l'apaiser.
Ella va aussi pouvoir compter sur l'aide d'Hugo, son meilleur ami, ainsi que de Tessa, Benji et Suzanne, qui terminent le groupe de ses quatre Fantastique. Cependant, quand on souffre, il est peut être difficile de s'ouvrir, et parfois encore plus à des proches. Surtout quand ils ne connaissent pas toute la vérité.
C'est là que le beau, mystérieux et taiseux Sam entre dans la vie de Lorna. Cet étranger à son histoire saura-t-il lui prêter une oreille attentive ? La jugera-t-il sur ce qu'elle est devenue sans l'avoir connue avant le drame ? Va-t-elle lui en parler, d'ailleurs ?
Lorna, c'est le chaos dans toute sa splendeur. Certaines scènes de son passé font qu'elle a l'habitude d'être sur ses gardes, mas la trahison de leur mère l'a profondément blessée et elle lui en veut énormément. Comment le lui reprocher ? Qui ne serait pas ravagé par la disparition soudaine de sa mère, sans explication aucune ?Adolescente, elle a bien du mal à contrôler ses sentiments, ses pensées ainsi que ses actions. Faire comme si tout était normal et continuer à vivre comme avant sont au-dessus de ses forces. Encore une fois, je pense que personne ne lui jettera la pierre, étant donné qu'il y a des adultes qui auraient sans doute fait bien pire et qui, eux, n'auraient pas eu l'excuse de l'immaturité.
Mais, bien qu'elle soit cassante, agressive, impulsive et parfois énervante, j'ai trouvé son personnage attachant. Oui, ça lui arrive de baisser les bras et elle va un peu trop loin. Personne n'est parfait et tout le monde fait des erreur, surtout quand la souffrance l'emporte. Mais Lorna c'est aussi la grande sœur qui protège la petite. J'ai trouvé sa relation avec Ebony très belle, très touchante.
Sam, quant à lui, est un personnage qui m'a beaucoup plu parce qu'il prend le contrepied total de la jeune fille. Il est calme, posé, mature, discret, à l'écoute, non dénué d'humour et mystérieux. Il est, disons-le, le prince charmant dont beaucoup de jeunes filles (voire de femmes) doivent rêver. De ce point de vue-là, il est un peu énervant, trop parfait. lol Mais, rappelons-le, les princes n'existent qu'au rayon biscuits !
Ce livre, c'est donc l'histoire de cette famille brisée par une brusque disparition inexpliquée. Mais ce livre, c'est aussi l'espoir qu'il porte avec ce message qui dit que le temps n'efface peut-être pas, mais au moins atténue les blessures, autant physiques que du cœur. Le processus est long, douloureux, mais il n'est pas impossible si on en a l'envie, la force et assez de soutien de notre entourage. Ce livre, c'est aussi un message d'acceptation du bonheur, du fait qu'il ne faut pas culpabiliser de savourer quelques petits moments de joie après un drame, que "vivre", ce n'est pas "oublier".
Je pense qu'il est aussi question de maladie mentale, peut-être de dépression. Je ne suis pas médecin, je mets simplement des mots sur ce que j'ai ressenti durant ma lecture, au fil des souvenirs de Lorna.
J'ai beaucoup aimé les petites touches "japonisantes", avec l'art du kintsugi, des ama... J'aime énormément le Japon, mais je ne connaissais pas cet art de la réparation à base de laque et d'or. Même si le sujet n'est pas traité en profondeur, j'ai aimé ce que j'ai appris, ainsi que son utilisation comme métaphore pour la résilience.
Concernant la fin, elle m'a fichu un uppercut à l'estomac. C'est frustrant de ne pas pouvoir vous dire pourquoi, mais j'espère, si vous l'avez-lu, que nous pourrons en discuter en commentaires, avec un warning aux spoils.
En résumé, j'ai passé un très bon moment entre les pages de ce livre, animé par une plume fluide, agréable et parfois poétique, qui sait aussi bien se montrer agressive que douce. J'ai aimé suivre l'évolution de Lorna au fil des pages, l'encourager dans les mauvais moments et me réjouir pour elle dans les meilleurs. Le personnage de Sam amène un peu de calme et de mystère à l'ouragan Lorna. J'ai beaucoup apprécié le concept de la résilience amené par l'art du kintsugi.
Ne me reste plus qu'à confier ce livre à Gremlin n°1 et à voir ce qu'il en pense.Pour le dévorer, c'est par ici ou par là.
Tags : Kintsugi, Le fil doré de ma vie, Mathilde Paris, young adult, contemporain, adolescents, famille, amitié, amour, disparition, Japon, apnée, reconstruction
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