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La joueuse de go - Shan Sa
Un livre magnifique, tout en poésie (ou presque), d'un amour interdit au cœur de la guerre sino-japonaise.
Depuis 1931, le dernier empereur de Chine règne sans pouvoir sur la Mandchourie occupée par l'armée japonaise. Alors que l'aristocratie tente d'oublier dans de vaines distractions la guerre et ses cruautés, une lycéenne de seize ans joue au go. Place des Mille Vents, ses mains infaillibles manipulent les pions. Mélancolique mais fiévreuse, elle rêve d'un autre destin. « Le bonheur est un combat d'encerclement. » Sur le damier, elle bat tous ses prétendants.
Mais la joueuse ignore encore son adversaire de demain : un officier japonais dur comme le métal, à peine plus âgé qu'elle, dévoué à l'utopie impérialiste. Ils s'affrontent, ils s'aiment, sans un geste, jusqu'au bout, tandis que la Chine vacille sous les coups de l'envahisseur qui tue, pille, torture.
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Avec ce livre, je valide la catégorie n°58 (un livre d'un auteur asiatique) du Défi lecture 2017.
Niveau couverture, elle est jolie sans être transcendante, mais reste tout à fait dans le thème du livre de par sa connotation asiatique.
Je découvrais l'écriture de Shan Sa pour la première fois, et quelle découverte ! Cette femme chinoise qui vit maintenant en France (et écrit en français) a une plume vraiment magnifique. Elle est fluide et légère comme la caresse des ailes d'un papillon, belle et poétique comme le chant d'un ruisseau. Parfois très douce, d'autres fois très crue. On y retrouve toute la subtilité asiatique, avec pleins de non-dits et de sous-entendus.
Une chose cependant que j'ai regretté, c'est le choix de l'auteure sur la traduction des prénoms. Là où l'on croise des Min, Jing, Huong... on croise aussi des Lumière, Orchidée et Perle de Lune... Alors certes, la traduction française rajoute à la poésie, j'en conviens tout à fait. Mais j'aurais vraiment préféré les retrouver dans leur langue natale avec, pourquoi pas, une petite note donnant leur traduction.
Parce que des petites notes en bas de pages, j'en ai croisé plusieurs, principalement pour donner des détails sur le contexte historique, ce qui était très appréciable parce que ce n'était pas une période et un contexte que je connaissais.
Autre petit point que j'ai trouvé dommage, c'est qu'il n'y ai pas, à la fin du livre, une ou plusieurs illustrations d'un goban avec une partie en cours, histoire que les personnes ne connaissant pas puissent se représenter un plateau.
Le premier chapitre commence du point de vue de la jeune Mandchoue, le second du soldat japonais. J'avoue que j'ai été perdue quelques secondes, parce que rien ne mentionne ce changement. J'ai donc été relire le premier chapitre et ai finalement bien fait le distinguo entre les deux. Après, ce n'est pas compliqué, on change un chapitre sur deux.
Certains s'y sont perdus, mais moi j'ai aimé ces alternances entre ces deux personnages que tout oppose, sauf peut-être le go. Et encore, ils y sont adversaires, donc...
La jeune fille, dont on ne connait le prénom qu'à la toute fin, est éprise de liberté. Le soldat, dont ne ne connaitra jamais le nom (il me semble), est patriotique de la racine des cheveux à la plante des pieds.
Elle a seize ans. Il en a vingt-quatre.
Elle ne vit que pour elle. Il ne vit que pour son pays.
Elle rêve d'amour. Il préfère les prostituées.
Elle subit la guerre. Il la vit pleinement.
Elle ne pense pas à son avenir. Lui sait qu'il va mourir.
Elle a une famille où l'on ne parle pas beaucoup. Lui a un capitaine paranoïaque.
Elle aime le go. Lui aussi.
Et c'est autour d'un goban que va se faire leur première rencontre. Ainsi que les suivantes. C'est à la place des Mille Vents que va petit à petit se nouer une relation très particulière entre eux, une relation dont même eux n'auront pas vraiment conscience.
Alors oui, autant vous prévenir : si vous cherchez une romance "normale", avec un petit jeu de séduction, des mots doux chuchotés au creux de l'oreille, des bisous dans le cou et tout le tralala, vous n'êtes pas dans le bon livre. Ici, c'est une romance qui peut surprendre (et on y adhère ou pas), mais elle est si subtile qu'elle en parait presque inexistante. C'est là toute la beauté de la plume et de la culture asiatique : tout parait simple, mais entre non-dits et sous-entendus, tout est en fait beaucoup plus subtil et compliqué. J'adore !
Quand j'ai commencé à arriver vers les dernières pages, je ne savais pas trop sur quel pied danser. La fin allait-elle être joyeuse ou brutale ? Me plairait-elle ou serais-je déçue ? En fin de compte, elle est peut-être un peu rapide (d'autres mots me viennent à l'esprit, mais je m'en voudrais de vous spoiler) mais je l'ai appréciée et trouve qu'elle clôture bien ce livre.
En résumé, j'ai adoré me laisser aller au fil des pages aux côtés de ces deux personnages que tout oppose, mais dont le rapprochement se fera inexorablement, petit à petit, presque à leur insu. La plume est magnifique, très poétique, alliant sans souci douceur et brutalité, amour et mort. Presque un coup de cœur. J'ai apprécié le contexte historique qui m'a donné envie d'en apprendre plus sur cette période. J'ai aimé ressentir le traditionalisme chinois couplé à l'exsudation patriotique, à l'honneur des japonais. Un livre qui m'a aussi redonné envie de rejouer un peu (en ligne) au go, chose que je n'ai pas faite depuis bien des années !
Un livre que je conseille pour sa beauté et ses subtilités. Un livre que toute personne qui cherche une romance complètement différente de tout ce que l'on peut trouver habituellement devrait lire.Pour le dévorer, c'est par ici.
Tags : La joueuse de go, Shan Sa, Chine, Japon, Mandchourie, guerre sino-japonaise, historique, romance, sexe, soldats, partriotisme, révolte, littérature asiatique
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Commentaires
Je veux absolument le lire, et suis sûre qu'il me plaira ! Une intuition confirmée par ton billet, merci :)
Alors fonce et j'espère pouvoir lire ton retour. ^^