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La Pieuvre - Bernadette Potier
Un roman entre secrets, mensonges, famille et manipulation.
Depuis plusieurs jours, des pluies torrentielles s’abattent sur le joli village de Bulot. Ce déluge, accentué par les sécheresses estivales, a créé de terribles inondations et Justine, jeune maman célibataire, est contrainte de quitter son domicile avec sa petite fille. Mais lorsque les pompiers les font évacuer, un mystérieux homme tente de kidnapper la fillette. Justine le reconnaît aussitôt : cet homme du passé – qui cherche par tous les moyens à s’immiscer de nouveau dans sa vie – fait ressurgir de terribles souvenirs… Alors que toute la communauté se mobilise pour reconstruire ce qui a péri dans les inondations, les langues se délient et Justine, qui n’est plus seule à être confrontée aux fantômes du passé, va tout faire pour se libérer des tentacules de la pieuvre qui la maintenaient au fond de l’océan.
Dans ce roman poignant et sensible où trois destins se croisent, Bernadette Potier reprend la plume pour partager avec justesse le témoignage de femmes victimes d’abus sexuels, encourageant ses lecteurs à garder espoir sur l’issue de cette lutte qui peut, parfois, paraître sans fin.
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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Sarah ainsi que les Éditions Jets d'Encre pour l'envoi de ce livre numérique.
J'en profite pour valider la catégorie n°99 (Livre dont l’action se déroule dans une ville fictive) du Défi Lecture 2024.
Concernant la couverture, elle est simple, mais efficace et jolie. Le dessin est raccord avec le titre, mais aussi avec l'histoire où l'on parle d'une pieuvre à cinq tentacules. J'aime énormément le fait que ce détail soit respecté. Il est toujours décevant d'avoir des points précis d'évoqués dans un roman, de les avoir en couverture, mais non respectés. Alors merci.
Concernant la plume de Bernadette Potier, ce fut une agréable découverte. Elle est fluide, mais aussi oppressante et un peu étouffante avec son huis-clos, sans oublier une pointe de mystère. Ce qu'il faut savoir, c'est que ce roman est basé sur des témoignages de personnes ayant subit des abus sexuels.
Nous sommes dans le village fictif de Bulot et c'est la période des crues. Comme chaque année, malgré la demande d'aménagement des villageois auprès du maire, l'inondation arrive, inexorable et destructrice, après des jours de pluies torrentielles. Elle entraîne l'évacuation d'une grande partie du village.
Justine est l'une de ses habitantes. C'est une femme-enfant de vingt ans, mère de Noémie, une petite fille de quatre ans. Elles vivent dans la maison héritée de sa mère, partie beaucoup trop tôt à cause d'un cancer, avec la sœur de cette dernière, Josiane.
Elles aussi sont touchées par la crue. Mais alors que Bruno, un ami pompier, vient leur demander d'évacuer, Noémie est emportée par un pompier inconnu. Justine se lance à leur poursuite, récupère sa fille et reconnait cet homme de son passé, avant qu'il ne disparaisse.
Qui est-il ? L'auteure ne nous fait pas la grâce de nous le dire, et c'est tant mieux. Cela nous permet d'échafauder pas mal d'hypothèses avec la principale : cet homme est-il son violeur ? Parce que oui, Justine s'est faite violer le jour de ses quinze ans (même si cet évènement soulève les interrogations des villageois) et elle a décidé de garder le bébé qui en a résulté.
Cette tentative de kidnapping va faire remonter des questions, mais aussi, comme la crue, sortir certains squelettes des placards (ou sens propre comme au figuré). Parce que les gens vont s'interroger et parler. Parce que certaines découvertes vont donner lieu à une enquête officielle, mais aussi officieuse.
L'histoire va beaucoup tourner autour de la jeune femme et de sa famille, recomposée, sa mère s'étant remariée à un homme qui avait déjà un fils un peu plus âgé que Justine. Lui vit maintenant seul dans son chalet dans les bois, son fils se fait discret au village d'à côté. Que s'est-il donc passé ? Pourquoi a-t-on l'impression que Josiane semblait vouloir les éloigner de Justine ?
La jeune femme a son petit caractère à elle, mais elle reste une enfant qui suit facilement une personne naturellement directive. Elle est capable de s'en sortir seule, mais trouve inconsciemment plus facile de se reposer sur quelqu'un.
Heureusement, en cette période trouble et en l'absence de sa tante, Justine va pouvoir compter sur Clémence, psychologue et amie, presque une grand-mère, ainsi que sur son fils Bruno, pompier et ami d'enfance. Tous les deux seront à ses côtés pour l'épauler et l'aider à trouver les vérités cachées derrière les mensonges et les non-dits que la crue a dévoilés.
L'ambiance qui règne dans cette histoire ainsi que dans le petit village de Bulot est lourde, oppressante et dans un huis-clos bien mené. L'inondation laisse des familles sans domicile, certes, mais va aussi faire remonter des secrets. L'auteure va alors aborder des sujets sensibles, comme les attouchements, le viol, la manipulation et les personnes toxiques. Il y aura aussi un autre thème, mais je me garderai de vous spoiler en vous le dévoilant. ;-) Bernadette Potier abordera également des sujets comme l'amitié, l'entraide, les familles recomposées, le deuil et la difficulté d'élever des enfants.
Nous nous apercevons bien vite que ce petit village, en apparence tranquille, cache en fait de terribles secrets qui ne demandent qu'à éclater au grand jour, après avoir été enfouis aussi longtemps. Ce qui fait que nous allons de découvertes en spéculations, parfois en fausses pistes, et que, nous aussi, tout comme Justine et ses proches, nous sommes à la recherche de la vérité.
La jeune femme peut sembler attachante par certains côtés, mais je n'ai pas vraiment accroché à son personnage, sans pour autant la détester ou ne pas apprécier enquêter à ses côtés. J'avais un peu de mal à la suivre parfois, surtout après avoir appris certaines choses.
Par contre, j'ai beaucoup aimé les personnages de Clémence, Bruno et du capitaine Dass. Si les deux premiers sont un soutien sans faille pour Justine, le troisième cherche plutôt à lui tirer les vers du nez pour tenter d'avancer dans son enquête. J'ai aimé sa façon de procéder.
Un personnage qui m'a beaucoup touché, c'est celui de Yoan, le beau-père. Deux fois veuf en peu de temps, un garçon difficile à gérer, plus sa belle-fille. Un homme dépassé par le poids de ses obligations, mais qui a tenté de faire au mieux.
J'ai beaucoup aimé l'image de la pieuvre a cinq tentacules, reprise dans le titre, sur la couverture, ainsi que dans l'histoire et ce que cela représente. C'est une image très bien trouvée et qui prend tout son sens.
Concernant la fin, j'étais loin de me douter, au départ, de là où l'auteure allait m'amener. Au fil des pages, j'ai eu des doutes, chassés par d'autres, mais je n'ai commencé à me douter de quelque chose que vers la fin, et encore, je n'avais pas toutes les ficelles de l'intrigue. La toute fin m'a faite frissonner.
En résumé, j'ai passé un bon moment entre les pages de ce livre en huis-clos à l'atmosphère sombre et oppressante, où la vérité enfouie surgit des suites d'une crue dans un petit village en apparence tranquille. Entre enquête, mensonges, non-dits, amitié, entraide, manipulation, abus sexuels, famille, deuil et recherche de la vérité, vous n'allez pas vous ennuyer avec ce roman construit sur des témoignages de personnes ayant subi des abus sexuels.Pour le dévorer, c'est par ici.
Tags : La Pieuvre, Bernadette Potier, drame, contemporain, inondation, secrets, mensonges, famille, amitié, manipulation, attouchements, personne toxique, enquête
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Commentaires
36) Livre contenant une conversation téléphonique
48) Livre qui peut rentrer dans 4 autres catégories du défi 2024
54) Livre dans lequel il est fait mention d’un héritage
76) Livre avec une figure de style dans le texte
97) Livre dans lequel la météo / un événement climatique représente une contrainte pour le héros
100) Livre qui parle d’espoir