Des sujets forts, actuels et sensibles, mais un procédé narratif qui ne m'a pas convaincue.

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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier la Masse Critique Babelio ainsi que les Éditions Bayard pour l'envoi de ce roman.

J'en profite pour valider la catégorie n°78 (Auteur ayant travaillé comme enseignant) du Défi Lecture 2022. 

Concernant la couverture, je la trouve simple et efficace. On y voit Lily avec ses gants, prête à se protéger et/ou à rendre les coups. Le fond rouge montre, pour moi, la violence dont elle est victime, mais aussi la rage qui est la sienne.

Concernant la plume, c'est là où, pour moi, le bas blesse. J'ai feuilleté le livre une fois reçu, et j'avoue que ce système d'écriture a vite refroidi mon envie de le lire. Je n'ai rien contre les vers libres, même si ce n'est pas ce que je préfère. Mais pourquoi n'y a-t-il aucune majuscule dans les parties du point de vue de Lily alors que la ponctuation est utilisée ? Pourquoi ? C'est sans aucun doute ce qui m'a le plus dérangée. Alors oui, cela peut être pour symboliser le chaos dans l'esprit de la jeune fille, son envie de rébellion ou que sais-je encore ! ? Mais, dans ce cas, autant jouer la carte jusqu'au bout et ne mettre aucune ponctuation. Je crois que ça m'aurait moins dérangée.

Au final, le principe des vers libres, je l'ai assez vite intégré comme dans une lecture normale et c'est passé tout seul. Mais l'absence de majuscules... Impossible de passer outre. Cependant, j'ai tout de même terminé ce roman en une seule journée.

Lily est une lycéenne en surpoids. Timide, renfermée, elle a honte de son corps, qu'elle expose le moins possible et essaye de passer inaperçue au maximum. Cela ne fonctionne malheureusement pas aussi bien qu'elle l'espère et après quelques moqueries et brimades, l'un de ses camarades la prend carrément en grippe et les humiliations montent d'un cran, même de la part de son ancienne meilleure amie.

Lily finit par en parler à ses parents et son père, ancien boxeur, lui apprend quelques trucs avant de l'inscrire dans un club. La jeune fille est à la fois forte et faible, courageuse et démotivée, fière et honteuse. Comment quelqu'un comme elle pourrait-elle avoir la moindre chance d'avoir une vie normale et de ne pas être regardé avec dégoût ? Pourtant, grâce à la boxe, elle va commencer à changer, petit à petit et avec difficulté, un pas après l'autre. On parle ici de confiance en soi, d'acceptation de soi et d'amour de soi.

Ce que j'ai apprécié, c'est que l'entourage de Lily ne la pousse pas vers le sport pour maigrir et rentrer dans les standards. Non, si son père lui a présenté ce sport (hors le fait que lui-même l'ait pratiqué), c'est pour qu'elle puisse mieux s'accepter, être mieux mentalement et apte à se défendre (même si pour le coup pas forcément physiquement).

Les points de vue sont majoritairement ceux de Lily, de sa souffrance, de ses désillusions, de sa rage, de ses espoirs, de sa prise de confiance. Mais il y a aussi ceux de Bernadette, sa mère. On ressent l'amour de cette dernière pour sa fille unique, mais aussi une souffrance pour elle, ainsi que quelque chose d'autre qui la ronge personnellement. Je m'en suis doutée assez rapidement, mais j'ai tout de même aimé son évolution.

Je ne pratique ni boxe ni aucun autre sport de combat, mais cela ne m'a pas empêchée de serrer les poings devant tant de cruauté gratuite. Alors quoi ? Tout ça parce qu'une femme est ronde et qu'elle ne correspond pas aux standards véhiculés par les magazines de mode, elle vaut moins que les autres et perd son statut d'être humain pour devenir une loque dont on peu se moquer et abuser à souhait ? Eh bien non ! J'avais envie de rentrer dans le livre, de prendre les gants de Lily et de remettre quelques neurones en place moi-même !

Je n'ai jamais été victime de grossophobie, ayant toujours eu une morphologie assez fine, mais j'ai cependant trouvé ce livre poignant, parfois violent (autant pour Lily que pour nous, lecteur/trice). J'imagine sans peine l'impact qu'il pourrait avoir sur quelqu'un souffrant de ce genre de harcèlement.

Avant de terminer ma chronique, je suis aller voir l'avis d'autres lecteurs/trice et la plupart ont trouvé que ces vers libres donnaient plus de corps et de puissance aux sentiments de Lily. Bien qu'il soit vrai que j'ai trouvé que la mise en page avait parfois ce pouvoir, cette rage brute, j'y ai quand même été moins sensible qu'à un roman en prose. Les scènes sont assez succinctes et auraient parfois méritées d'être un peu plus décrites. Ce qui est difficile avec ce genre de parti-pris.

J'ai apprécié trouver à la fin du roman une petite note explicative de ce qu'est le harcèlement, les numéros d'urgence et ceux à joindre en cas de harcèlement, justement. C'est une bonne initiative pour un livre à destination d'un public adolescent.

En résumé, j'ai aimé ma lecture que j'ai terminée en une journée. J'ai apprécié le personnage de Lily, ses souffrances, sa rage et son courage. J'ai souffert avec elle du harcèlement dont elle est victime, juste parce qu'elle est en surpoids, comme si seule l'apparence résumait l'intérêt que pouvait avoir une personne. Je reste cependant un peu dubitative quant au parti-pris des vers libres (et surtout de l'absence de majuscules !) qui, bien qu'il puisse décrire des sentiments plus bruts et plus forts, est aussi limité en termes narratifs et descriptifs.

          Pour le dévorer, c'est par ici.