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Comme meurent les papillons - Pablo Behague
Un roman sombre et glaçant qui ne vous laissera pas indemne...
Une sinistre malédiction s’abat sur les nourrissons d’un bourg vosgien. Les habitants plongent alors dans le désespoir et l’incompréhension, tandis que résonnent dans les rues les paroles déchirées de bébés que rien ne peut apaiser.
Dans l’espoir de sauver leurs petits frères et petites sœurs, Tommy et sa bande tentent de résoudre le mystère qui accompagne ce phénomène. D’où viennent ces papillons noirs inconnus ? Qui sont ces deux silhouettes encapuchonnées, actrices d’un rituel satanique, épiées dans le cimetière ? La mystérieuse inconnue qui se confesse au cœur de la nuit est-elle vraiment à l'origine du mal ?
Les adolescents entrevoient une sombre magie, qui fissure leur innocence, tandis que le récit délirant de l’étrange visiteuse fait vaciller la foi du curé. Entre cauchemar et folie, désespoir existentiel et chaos philosophique, l’ombre qui s’abat sur Chaudrillon ne laissera que peu de lumière à ceux qui y survivront.Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Je voudrais tout d'abord commencer par remercier les Éditions Ex Æquo pour m'avoir proposé un nouveau livre en SP via le site SimPlement.
J'en profite pour valider la catégorie n°86 (Une scène qui se déroule dans un cimetière) du Défi Lecture 2022.
Concernant la couverture, je la trouve très jolie, tant dans les couleurs que dans la composition. On pourrait assimiler les silhouettes à Sybille et à ses deux fils, Tommy et Billy. Malgré cette belle nuit de pleine lune, on peut retrouver le côté angoissant avec l'impression que les papillons se massent autour d'eux et se préparent à les engloutir. Un très bon choix, selon moi.
Concernant la plume, je l'ai trouvée agréable et fluide, mais également très sombre et anxiogène. Les descriptions (belles ou horribles et malaisantes), voire les ressentis des personnages, sont racontés de façon à mélanger avec brio poésie, folie, philosophie et horreur. Une très très belle découverte.
Je crois que si je devais décrire ce livre en une phrase, je reprendrais la dernière du résumé :Entre cauchemar et folie, désespoir existentiel et chaos philosophique, l’ombre qui s’abat sur Chaudrillon ne laissera que peu de lumière à ceux qui y survivront.
Oui, je la trouve parfaitement adaptée. Parce que ce roman, c'est ça, des cauchemars, de la folie, du désespoir et du chaos, de la noirceur, une foi vacillante... Heureusement qu'il y a de l'amour et de l'amitié pour éclairer un peu tout ça...
Mais essayons de reprendre depuis le début.
Chaudrillon est une petite ville des Vosges calme et tranquille. Une nuit, cependant, des hurlements vont s'élever à travers ses fenêtres et ses murs, se propageant dans ses rues. Tous les nourrissons de moins d'un an sont frappés par un mal mystérieux. Ils hurlent sans arrêt et ne dorment plus. Les familles, dévastées et horrifiées, ne font guère mieux.
Une femme dont le visage est masquée par un châle vient alors trouver le père Van Zyn, curé à la foi vacillante, pour se confesser. Elle s'accuse d'être à l'origine du mal et à besoin de décharger sa conscience. Est-elle réellement coupable ? Que peut-être bien avoir à révéler de si lourd à porter ? Quelles répercussion aura son récit sur celui qui l'écoute ?
Au milieu de tout ça, il y a d'autres enfants, une bande d'amis, le MAST : Max, Adama, Sarah et Tommy. Ils ont douze ans (si ma mémoire est bonne) et se connaissent depuis quelques années déjà. Deux d'entre eux sont personnellement concernés par l'affaire : Tommy et Sarah, qui ont respectivement leur petit frère et leur petite sœur qui sont touchés par cet horrible phénomène.
Les adolescent aiment les mystères et les résoudre. Ils sont déjà plusieurs missions à leur actif et se voient tantôt comme des Jedi, tantôt comme des super-héros. Même si cette nouvelle enquête est bien plus sérieuse que les autres, bien plus réelle aussi, ils vont tout de même tout mettre en œuvre pour tenter de sauver leur famille ainsi que tous les autres bébés.
Mais par où commencer ?
Déjà, d'où viennent ces étranges papillons noirs qu'aucun livre ne répertorie ? Pourquoi la datura pousse-t-elle d'un coup en abondance ? Que signifie cette mystérieuse scène dans le cimetière ?
Malheureusement pour eux, ce qui couve à Chaudrillon est bien plus malsain et noir que tout ce à quoi ils auraient bien pu penser. L'âge de l'innocence qui était encore le leur ne va pas tarder à irrémédiablement se fissurer...
L'ambiance de ce livre change progressivement au fil des pages. L'angoisse et le mal-être, la folie et les cauchemars semblent infuser et se propager à travers les pages, absorbant et éliminant peu à peu toute trace de chaleur, de bonheur, de joie, d'innocence, d'espoir... C'est une ambiance très particulière, mais redoutablement efficace !
Je me suis beaucoup attachée aux personnages, à Sybille qui vit cette terrible situation (je ne sais pas comment je pourrais endurer ce qu'elle et les autres parents endurent), à Greg qui apporte un peu de réconfort et d'humour, à Tommy et à son immense courage (peu d'adultes en auraient eu autant), à Sarah et à son sacré caractère, à Max et à son amitié sans faille, à Adama et sa passion pour la nature. Même le père Van Zyn a su me toucher, de par les questions qu'il se pose, l'impact que cela a sur sa foi ainsi que sur la souffrance qui en découle.
La femme au châle, elle, m'a beaucoup intriguée. Touchée aussi de par son témoignage et les fortes émotions qui sont les siennes. Je me suis également prise au jeu d'essayer de deviner son identité avec les indices laissés par l'auteur. Je ne vais pas vous spoiler en vous disant si s'y suis arrivée ou non. ;-)
Sachez cependant que la fin saura plus que certainement vous surprendre et vous toucher. L'épilogue est, quant à lui, aussi beau, d'une certaine façon, bien que terrible et émouvant.
La seule chose que je pourrais reprocher à ce livre, c'est qu'il reste beaucoup de zones d'ombre (non non, je n'essaye pas de rester sur le côté sombre du livre lol) et donc que j'ai encore pas mal de questions sans réponses après l'avoir refermé. C'est un parti-pris osé que de laisser le lecteur dans le brouillard et, en général, ça passe ou ça casse. De mon côté, je suis entre les deux. J'aime cette aura de mystère qui plane toujours autour du roman, même une fois terminé, mais je suis, du coup, aussi un peu frustrée de ne pas avoir toutes les cartes entre les mains.
En résumé, j'ai passé un très bon moment entre les pages de ce livre, bien qu'ayant côtoyé de très près le désespoir, la noirceur, l'angoisse, les cauchemars et la folie qui s'installe peu à peu... La plume de Pablo Behague est maniée avec virtuosité, instillant au bon moment quelques étincelles plus légères avec le courage et l'amitié de ces quatre amis ou l'amour d'une mère pour ses enfants. Un petit bémol pour les questions laissées sans réponses.
Un roman glaçant, pénétrant et sombre dont je me souviendrai longtemps...Pour le dévorer, c'est par ici ou par là.
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Tags : Comme meurent les papillons, Pablo Behague, thriller fantastique, folie, malédiction, ésotérisme, souffrance, lune, foi, mal-être, angoisse, horreur, enfants
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Commentaires
Je vous remercie pour cette belle et longue chronique. Elle est très approfondie, et cela m'a fait plaisir de prendre connaissance de vos impressions à la lecture de cette sombre histoire. Je suis particulièrement heureux que les thèmes qui m'étaient chers dans cette œuvre (la perte de l'enfance, le pessimisme existentiel, l'absurdité du monde) aient su vous toucher.
Encore un grand merci pour vos mots et le temps que vous avez consacré à la lecture de mon livre.
Au plaisir de lire d'autres de vos chroniques,
Pablo
Merci à vous pour le beau (et angoissant) moment que j'ai pu passer au sein de votre livre. Je suis heureuse que ma chronique vous plaise. ^^
Merci aussi à vous d'avoir pris le temps de laisser un petit commentaire sur mon blog, ça me fait énormément plaisir.
En vous souhaitant une bonne journée.
Khiad