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Contes de zombies - Anthony Lamacchia (auteur) & Andréa Kerlhau (illustratrice)
Un superbe recueil peuplé de fées, de zombies et aux magnifiques illustrations.
Il était une fois...
Une jeune femme maudite au baiser mortel, un cadavre exhumé par deux fées capricieuses, un enfant capable de réveiller les morts, un tueur en série poursuivi par ses victimes, un homme luttant contre les écrans, une âme perdue qui retourne dans son village natal, un groupe de metal post-mortem...
Voilà qui semble annoncer la fin du monde et le Petit Peuple déchaîne sur les Hommes son courroux !
Un zombie erre sur son ancien lieu de travail, deux enfants vivent dans une forêt hantée, une petite fille fait la classe à ses anciens camarades, deux frères tentent de survivre dans une ville envahie de morts-vivants, une étrange compagnie se donne pour mission d’apporter un remède au fléau, un voyageur raconte la chute de sa cité, un médecin fait équipe avec un mineur masqué pour sauver le monde...
Les zombies et les fées se croisent, se rencontrent et s’affrontent parmi les humains dans seize nouvelles où s’alternent folie, aventures, drame, humour, macabre, magie et épouvante.Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Anthony Lamacchia pour m'avoir proposé son dernier livre en SP via le site SimPlement.
J'en profite pour valider la catégorie n°33 (Un livre écrit par un homme à lire durant le mois de la fête des pères) du Défi Lecture 2021.
Concernant la couverture, j'aime vraiment beaucoup, tant au niveau des couleurs que du graphisme et de la police. On nous promet des zombies et des fées, il y a bien un zombie et une fée qui s'affrontent. ^^
Concernant la plume, j'ai été ravie de retrouver sa fluidité, son côté agréable, riche et maîtrisé, ainsi que la non surenchère du gore que j'avais découvert dans Le Carnaval de Sang-Rire. La petite particularité des personnages appelés par leur prénom et leur nom de famille est toujours là également (voir la chronique mentionnée ci-dessus). Ce livre est un recueil fantastico-horrifique, on y trouve donc en majorité ces deux genres, mais on côtoie aussi la fantasy, la science-fiction, le steampunk, la satire sociale... Il y a aussi de l'humour, de l'action, des morts (ben oui, vous vous attendiez à quoi ! ?) et de superbes descriptions qui fleurtent avec le poétique.
Mais je ne peux parler de la plume de l'écrivain sans évoquer le coup de crayon de l'illustratrice, Andréa Kerlhau, qui est superbe. Les illustrations à chaque début de chapitre, comme les petites qui sont parsemées par-ci par-là entre les paragraphes, sont vraiment magnifiques et rajoutent un gros plus à ce livre !
Le recueil est construit en deux actes (Quand les fées de cachaient et Après le réveil des morts) contenant chacun sept nouvelles, séparés par un entracte (Le conciliabule des fées) et terminés par une outro (Les lys bleus). Il contient donc seize histoires.
Le premier acte se construit autour de nouvelles où les fées se cachent des humains, mais où il y en a toujours au moins une de présente dans chaque histoire, mais pas forcément toujours avec des ailes et une petite taille, pas toujours très gentille non plus. Il faut parfois aller chercher leur présence entre les lignes et à l'interprétation. Tout comme elles, les zombies sont toujours présents, parfois pour de vrai, parfois de façon plus détournée, mais toujours de façon juste.
Je vais vous faire un rapide petit ressenti de chaque nouvelle, en essayant de ne pas spoiler. Si vous voulez directement passer à la fin de la chronique, je ne vous en voudrai pas. ;-)
La fille de l'inventeur
Une fée maudit la fille d'un inventeur après que ce dernier ait détruit la nature pour agrandir la ville dont il est également le maire. Une nouvelle entre amour et folie très bien construite.
La Terreur des champs de blés
Une "jolie" façon de raconter la naissance de l'épouvantail avec deux fées à qui l'on a envie de coller quelques claques pour qu'elles cessent leurs chamailleries ainsi que leurs caprices dont va être victime le pauvre Nelson Elliot, qui n'avait absolument rien demandé...
Le petit nécromancien
Lucien est un jeune garçon de dix ans qui possède un secret : il est capable de réveiller les morts. C'est un lourd pouvoir entre les mains d'un enfant. Une nouvelle noire très poignante, oppressante et dérangeante, pleine de sentiments puissants, qu'ils soient bons ou mauvais. Mon premier coup de cœur.
Les dames blanches
Une histoire de piraterie, de tueries, de regrets, de femmes dans l'océan et d'une partie de cache-cache avec la lune. Un peu moins dans le zombie à première vue, mais tout aussi noire et agréable à lire.
Il parait que la roue finit toujours pas tourner. Ce n'est pas Joachim Nellus qui vous dira le contraire.
Télévision
Une autre interprétation, plus réaliste, malheureusement, de la zombification : celle par les écrans. L'auteur dénonce leur pouvoir sur nous, et je ne peux que lui donner raison. Mon chéri, qui n'est pourtant pas très branché technologie, allume la télé dès qu'il rentre et est tout le temps en train de guetter un éventuel message sur son téléphone ; Gremlin n°1 est incapable de s'occuper seul et dit qu'il s'ennuie lorsque je lui interdis la télé et la console ; Gremlin n°2, chez son père, passe son temps devant la télé/console/tablette (il n'a que quatre ans, merde !). Quant à moi, cela fait déjà au moins deux ans que j'ai quitté les réseaux sociaux qui étaient trop chronophages. Je ne regarde la télé que le soir, lorsqu'un film me plait (ne me parlez pas de télé-réalité, je la fuis comme la peste (sauf sur lorsque c'est culinaire)). Mon téléphone ne me sert qu'à sa fonction première : téléphoner et recevoir des messages, même si j'ai aussi quelques jeux dessus. J'avoue que je passe pas mal de temps sur mon ordi, mais principalement en rapport aux livres et à la rédaction de mes chroniques. Je suis aussi d'accord sur les dessins animés d'aujourd'hui qui ne ressemblent plus à grand chose...
Enfin bref, je digresse, mais tout ça pour vous dire que cette nouvelle a une approche différente, bien que totalement appropriée, des zombies et même de la fée. Une nouvelle d'actualité et percutante.
Le train noir
Nicolas est un homme obsédé par la propreté qui fait un burn-out et qui décide de retourner dans son village natal, à la campagne, pour prendre un peu l'air et se reposer. Une nouvelle sur un très léger fond de religion et de damnation. Une bonne histoire qui m'a fait me demander où l'auteur voulait m'emmener.
P.S. : Moi aussi, les bruits de mastication ça me rend folle !
Metaldead
J'adore l'illustration de présentation de la nouvelle, avec des cimetières pour lieux des concerts : Salem, Aokigahara, Père-Lachaise... Je ne connais pas les autres endroits, mais je me doute qu'ils sont du même acabit (bon, peut-être pas le dernier lol). ^^
J'ai moins accroché à cette nouvelle d'un groupe de zombies métaleux, une sorte de biographie qui explique leur parcours. On y traite de la différence, de la peur qu'inspire la différence et de ce que les gens sont près à faire pour défendre une cause en laquelle ils croient. Une bonne nouvelle, même si un peu plus loin de mon univers et avec moins d'action, mais qui a la qualité de sortir des sentiers battus.
© Andréa Kerlhau
Désolée, l'image refuse de se mettre dans le bon sens, mais cliquez dessus et elle le sera. ;-)
Nous arrivons donc à l'entracte et là, les choses vont commencer à changer. Dans les nouvelles précédentes, vous avez eu un aperçu des vices des humains (dépendance à la technologie, peur de la différence et de l'inconnu, instinct meurtrier, cruauté, non respect de la nature...). Seulement, ils ne sont pas les seuls habitants sur Terre et ce derniers n'en peuvent plus !
Le conciliabule des fées
L'illustration est super jolie (comme toutes les autres vous me direz), bien que flippante.
Un conciliabule surnaturel a lieu, pour décider du sort de l'humanité qui tue chaque jour un peu plus la Terre. Qui l'emportera ? Ceux qui veulent exterminer les Hommes qui sont cruels, égoïstes et destructeurs ou ceux qui voient encore du bon en eux ?
Le second acte démarre ici. Le peuple de l'invisible a pris sa décision et les Hommes vont prendre cher... Si vous vous souvenez de son titre, évoqué plus haut, vous vous douterez de ce que vous allez y trouver... ;-)
Georges
J'adore l'illustration et son lien avec la nouvelle !
Nous suivons le quotidien banal de Georges, un homme banal avec un travail banal au Conseil Général. Son seul fait notable : Georges est un zombie... enfin, fait banal en cette période apocalyptique où les morts chassent désormais les vivants. Ah si, Georges semble encore doué d'une certaine forme de mémoire et de "conscience". Vous allez être plongé dans le tête d'un mort-vivant.
J'ai beaucoup aimé la chute, à la fois super glauque et touchante !
Tommy & Poly
Encore une fois, une illustration au top !
Un frère et une sœur vivent seuls au milieu de la forêt, dans une caravane. Ils survivent. Chassent. Jouent. Parfois avec leurs parents qui viennent les rejoindre, mais qui sont désormais lents et malodorants. Ces enfants sont livrés à eux-mêmes des années durant et s'en sortent bien. Mais ils ont beau grandir et évoluer, ils restent tout de même des enfants.
La chute est optimiste.
La classe de Sophie
Encore une super illustration.
Sophie est une jeune fille qui enseigne chaque jour à ses camarades, en attendant que ses parents viennent la chercher. Bon, ils grognent plus qu'ils ne parlent mais bon... quelle importance qu'ils soient des zombies ! ?
Les deux frères
Christopher et William sont deux frères qui tentent de survivre, même s'ils ne sont pas d'accord sur le où et comment. Pour l'aîné, il faut trouver refuge dans leur ville qu'ils connaissent par cœur et où ils pourront toujours trouver un endroit sûr pour se cacher ; pour le cadet, il faut quitter ladite ville devenue bien trop dangereuse et prendre l'autoroute vers la campagne.
Faërie Squad
Sans conteste ma nouvelle préférée (mon second coup de cœur), la plus longue aussi, sans doute la plus classique, mais ça fonctionne. Une équipe hétéroclite (codes de la fantasy et/ou des jeux de rôles) se forme pour tenter de rejoindre une ville où sont réfugiés d'autres survivants. Ils y apportent un atout précieux : un potentiel remède contre la zombification ! J'ai adoré les personnages, originaux et très agréables. Une nouvelle qui m'a beaucoup émue et dont j'aurais aimé qu'elle ne se termine pas. (Message subliminal pas très subtil à l'intention de l'auteur : Une adaptation en roman ! Une adaptation en roman ! lol)La chute de Grand-Bastion
Une nouvelle assez horrible dans le sens où le conciliabule de l'entracte contre le genre humain prend tout son sens. L'Homme n'apprend pas de ses erreurs et, même en temps de crise extrême, il s'avère en fait bien pire... Y a-t-il une limite à sa cruauté et à sa cupidité ?
Pauvres de nous !
Le fait d'appeler les enfants Garçon et Fille, ça m'a fait penser à Bird Box.
Le Médecin et le Mineur
Le Médecin essaye de trouver un remède à la maladie qui fait marcher (et courir) les morts tandis que le Mineur lui apporte ce dont il a besoin pour son travail, en échange de nourriture.
Une nouvelle surprenante de part le remède en lui-même.
Nous terminons ce recueil sur l'outro qui rebondit sur la nouvelle précédente.
Les lys bleus
Une nouvelle qui voit apparaitre de nouveaux personnages, les morlhoges. Qu'est-ce qu'un morlhoge ? C'est un mort avec une horloge à la place du cœur, sorte d'automate, de marionnette au service des vivants. L'inspecteur Lodorme enquête sur une série de meurtres sordides qui pourrait avoir un lien avec ces morts sous contrôle. La comptine qui l'angoisse n'a pas été, je ne sais pas pourquoi, sans m'avoir fait penser à celle de Freddy Krueger.
Que vous dire de plus à part que j'ai vraiment beaucoup aimé ce recueil ? Je trouve vraiment très intéressant le lien entre toutes les parties, même si j'en ai trouvé moins entre la première et les suivantes. A partir du conciliabule, de la décision prise, on voit un certain fil conducteur entre les nouvelles suivantes avec l'évolution des zombies, puis un possible remède, la recherche du remède en lui-même et l'outro avec une solution trouvée par les hommes.
Je trouve que l'idée de faire se côtoyer des fées et des zombies est bien trouvée et ce concept m'a intriguée, je dois l'avouer. Je me suis demandée comment l'auteur allait réussir à mélanger fantasy et horreur pour trouver une harmonie entre ces différents genres. Et il y arrive très bien. J'aurais peut-être aimé un peu plus d'affrontements entre fées et zombies, mais c'est juste histoire de dire un truc pour chipoter un peu. lol
Mais, au-delà des fées et des zombies, il y est beaucoup question de l'Homme et de ses travers, de sa cruauté, de ses dépendances technologiques, de son égoïsme, de son non-respect de la nature... Je me pose parfois la même questions que le Petit Peuple de l'invisible : méritons-nous d'être sauvés (surtout quand on voit les guerres et les meurtres aux infos, que je ne regarde plus d'ailleurs) ? Heureusement que certains portent encore du bon en eux et relèvent le niveau...
En résumé, j'ai adoré me plonger au cœur de ce recueil de nouvelles fantastico-horrifiques peuplé de fées, d'hommes et de zombies, un mélange peu commun et détonnant ! La diversité des textes est appréciable, entre contes, fantasy, steampunk, science-fiction... L'ambiance n'est jamais vraiment la même, mais l'auteur arrive à recréer une atmosphère tendue et oppressante dans ses textes, même dans ceux plus basés sur l'humour, la parodie et/ou la satire sociale tout en soulevant notre trop grande dépendance aux technologies et le problème de l'écologie. Si vous aimez les fées, les zombies, la réflexion, les morts, l'action et les émotions fortes, ce livre est fait pour vous !
Mais ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est : de l'Homme ou du zombie, lequel est réellement un monstre ?Pour le dévorer, c'est par ici.
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