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Interview Loïc Dossèbre
Bonjour.
Merci d'avoir accepté de répondre à mes questions. ^^
Tout d’abord, présentez-vous un peu.Eh bien je m’appelle Loïc, j’ai vingt-et-un ans, je suis passionné d’Histoire et j’écris des
récits de fiction. En 2014, je me suis lancé dans une drôle d’aventure : déterminé à vivre du
métier d’auteur, je me suis mis au défi d’écrire un roman. Aujourd’hui, j’ai rangé au placard
ce premier manuscrit, mais je ne désespère pas de vivre un jour de ma plume. J’écris des
nouvelles, des articles, des billets, et de manière plus générale, je me sers de mon blog pour
satisfaire ma curiosité et partager mes passions.
Quels ont été les auteurs qui ont bercé votre enfance ?Pour être honnête, je n’ai découvert que très tardivement le plaisir de la lecture. Je ne sais
pas exactement d’où me vient cette lacune. Sans doute une mauvaise expérience en cours de
français, qui, excitant mon esprit de contradiction, m’a longtemps poussé à rejeter les livres.
« Mémoire d’Hadrien » est le premier roman que j’ai véritablement apprécié. J’avais dix-sept
ans, et ce fut une révélation. Une triple révélation, en fait. Il en découle mon amour de
la littérature, mon amour du monde antique, et je crois une grande partie de ce qui fonde
aujourd’hui mon caractère. J’ai beaucoup d’admiration pour Marguerite Yourcenar, elle est
sans aucun doute l’un de mes modèles dans la vie. Autrement, comme tout le monde je
suppose, j’ai eu mes lubies : d’abord les romantiques français, Musset en tête ; puis
quelques auteurs anglo-saxons, avec Poe et Lovecraft… Maupassant, que je détestais à
l’école, garde une place à part dans mon cœur, tant je prends plaisir à le redécouvrir.
Depuis combien de temps écrivez-vous ?Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un enfant qui ne lisait pas beaucoup, j’ai
toujours eu l’envie d’écrire. Si mes souvenirs sont exacts, j’ai tenté d’écrire mon premier
roman à l’âge de neuf ou dix ans. Naturellement, la tentative fut avortée au bout de quelques
lignes. Mais ! l’idée ne m’a jamais réellement lâché, j’ai fait plusieurs autres essais tout au
long de mon adolescence, et voilà où j’en suis actuellement. Je n’écris de manière
professionnelle que depuis novembre 2014.
Comment écrivez-vous ? Avez-vous des rituels ? Écoutez-vous de la musique ou
préférez-vous être au calme ?Je n’ai pas de rituel à proprement parler, au sens où il n’y a rien que je fasse en écrivant dont
je ne puisse me passer. Mais la plupart du temps, j’ai à portée de la main une vieille balle de
base-ball canadienne, que j’aime tripoter et faire rouler sur mon bureau. M’occuper les
mains m’aide à réfléchir pendant que je travaille. En dehors de ça, j’écris le plus souvent sur
des feuilles volantes, avant de tout retranscrire à l’ordinateur. J’aime le contact de l’encre et
du papier. Du reste, je n’écoute pas de musique lorsque je rédige ; je trouve que ça parasite
l’écriture, qui est avant tout une affaire de rythme.
Combien d’heures par jour écrivez-vous ?Entre deux et quatre. Le reste du temps, je fais des recherches, je lis, je flâne, je bricole mes
fiches… Mes journées sont très mal organisées, je le crains. Je travaille de manière
décousue, la nuit le plus souvent.
Avez-vous l’ensemble de votre histoire en tête, ou il y a-t-il une grande part
d’improvisation ?Plus le temps passe, et plus je fais des plans. J’en ai toujours fait, mais au début,
j’improvisais de chapitre en chapitre. Je me disais : il faut aller du point A au point Z, et
entre les deux, carte blanche. À présent, je mets plus de soin à la préparation de mes
intrigues. J’ai l’impression qu’on est plus libre de jouer avec les mots quand on n’a pas a se
soucier de l’ossature du texte.
Quelle est la première personne à lire ce que vous écrivez ?Tout dépend de la disponibilité de mon entourage ! Ou bien des amis, ou bien la famille.
Faites-vous appel à des bêta-lecteurs ?Cela m’arrive, bien qu’il soit diablement difficile d’en trouver. Si j’osais, je demanderais s’il
n’y pas quelques volontaires dans la salle.
Si je ne me trompe pas, tous vos écrits sont sur votre blog, disponibles gratuitement.
Pourquoi ce choix ? N'avez-vous pas envie de tenter l'aventure de l'auto-édition ?Pour être tout à fait exact, la plupart de mes écrits sont disponibles sur mon blog, mais pas
tous. Certains ne seront tout simplement jamais publiés, et d’autres le seront sur des
supports différents. L’auto-édition me tente évidemment, j’ai d’ailleurs pour projet d’écrire
une saga se déroulant au XIXème siècle, et qui, si tout se passe bien, sera disponible sur
Amazon.
Combien de livres à votre actif ?Quatre nouvelles : Nuit grise, Le Connétable, Réquisitoire pour un Dimanche et Sur le seuil,
que vous m’avez fait l’honneur d’évoquer sur ce blog. Il y a également Celui qui ne voulait
pas, mon premier roman, mais ce dernier reste pour l’instant bien à l’abri de mes boites à
archives.
Comment vous est venue l'idée de votre nouvelle « Sur le seuil » ?Je revenais de l’Imagina’livres – très bon salon, par ailleurs ! –, deux jeunes femmes
discutaient dans le train, une rangée devant la mienne ; l’une dit à l’autre qu’elle
s’inquiétait, car deux semaines de suite, le samedi, à la même heure, on était venu frapper à
sa porte sans qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir. Et voilà. J’ai rapidement noté ceci sur mon
smartphone : « Histoire d'épouvante – quelqu’un ou quelque chose frappe à la porte, chaque
jour à la même heure. » La lecture de Lovecraft et mes souvenirs de la Métamorphose de
Kafka ont fait le reste.
Elle se passe en 1922. Pourquoi le choix de cette date ?Je suis un peu vieux jeu. Je n’aime pas notre époque et la plupart de mes histoires se passent
il y a longtemps, que ce soit à l’entre-deux-guerre, à la Renaissance ou même dans
l’Antiquité. Esthétiquement, je trouve que le XXIème siècle est le pire d’entre tous. Surtout
en France. Je veux dire : la France contemporaine, comme décor de fiction, c’est…
déprimant. Je ne conçois pas de faire évoluer mes personnages dans la France
d’aujourd’hui, tout simplement parce que la trouve laide à mourir ; et je ne conçois pas de
faire évoluer mes personnages dans d’autres pays, pour la bonne raison que je ne connais
pas d’autre pays que le mien, et que je ne veux pas « faire semblant ». Par voix de
conséquence, situer mes récits dans des époques reculées, sujettes à réinterprétation, est
devenu mon habitude.
Vous avez choisi un homme d'un certain âge comme personnage principal. Y-a-il une
raison particulière ?Ça n’est pas un choix réfléchi, mais en y songeant, je pense qu’un personnage jeune aurait
sans doute eu moins de crédit, mettant le lecteur en garde à la fin du texte. De telles
déclarations exigent une certaine contenance.
L'homme possède beaucoup de livres chez lui (six-mille-sept-cent-vingt-huit
exactement). Pourquoi ce chiffre (oui, je suis curieuse ! :D ) Est-ce une petite part de
vous que vous qui brille à travers lui ?J’ai toujours été fasciné par les grandes bibliothèques. L’un de mes dossiers Pinterest est
uniquement consacré aux vastes étalages de livres ; je trouve que les murs recouverts de
vieux bouquins ont quelque chose d’apaisant, en plus de faire montre d’une certaine
élégance. Quant à ressembler à ce vieil ermite, Zeus m’en garde… Même si je suis un peu
agoraphobe.
Dans votre nouvelle, la frontière entre réalité et folie est bien mince, faisant douter le
lecteur (enfin moi en tout cas ^^) de ce qu'il faut croire ou non. Est-ce bien l'effet que
vous recherchiez ?Tout à fait ! J’ai d’ailleurs utilisé ce principe dans l’un de mes romans inachevés : c’était
l’histoire d’un jeune archéologue découvrant une machine antique – inspirée de la machine
d’Anticythère – dont il réalisait, après de nombreuses recherches, qu’elle permettait le
voyage temporel. Naviguant entre les époques, il perdait petit à petit la raison et doutait de
la véracité de son aventure. Malheureusement je ne suis jamais venu à bout de ce travail,
non seulement parce que l’histoire me semblait trop terne, mais également parce que je
n’arrivais pas à décrire, de manière suffisamment nette, cette distinction parfois ténue entre
le rêve et la réalité. J’avais seize ou dix-sept ans, à l’époque. Peut-être que je remettrai ce
projet en chantier, un jour !
Et si jamais « quelqu'un » venait frapper ainsi à votre porte, quelle serait votre
réaction ?Je m’exilerai en Antarctique pour faire prendre l’air à ma folie du côté des montagnes
hallucinées.
Avez-vous d’autres projets littéraires ?Mais certainement ! Je travaille en ce moment à une sorte de saga dont les différents tomes
seront à peu près interchangeables, et qui narrera les étranges aventures d’un écrivain du
XIXème, capable de prédire l’avenir par les fictions qu’il invente – et donc d’éviter, ou de
provoquer, une infinité de catastrophes en tout genre.
Encore une fois, merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à mes questions. ^^
Un dernier mot pour la fin ?Merci à vous !
Merci à Loïc Dossèbre d'avoir eu la gentillesse et la patience de répondre à mes questions.
Si vous en avez, n'hésitez pas à (lui) poser des questions dans les commentaires. ;-)
Bibliographie de Loïc Dossèbre :
Nuit grise
Le Connétable
Réquisition pour un Dimanche
Sur le seuil
Celui qui ne voulait pas (Roman abandonné)
Livre lu
Où retrouver l'auteur ?
Tags : Interview, Loïc Dossèbre, partage, convivialité
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Commentaires
Très intéressante cette interview! C'est toujours sympa de découvrir de jeunes et nouvelles plumes, d'autant plus que les époques abordées dans ses livres ne sont pas forcément les plus courantes! J'essaierai à l'occasion de lire une de ses nouvelles sur son blog : à découvrir :)
Merci. ^^
J'avoue que c'est un jeune auteur plutôt atypique mais très intéressant.
Au plaisir de lire un de tes avis. :D