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Jamais d'eux sans toi - Alex Sol
Un thriller en huis clos à la narration immersive et percutante, douloureusement bouleversant.
Vous êtes Karen.
Imaginez que vous pensiez avoir enterré le plus gros secret de votre vie dix ans auparavant. Que depuis, pas un jour ne se passe sans que vous ne regardiez par-dessus votre épaule, alerte au moindre danger, au moindre soupçon. Imaginez que votre fille Judith est désormais tout ce qu'il vous reste. Que feriez-vous, alors, si au beau milieu de la nuit, le drame frappait de nouveau à votre porte ?
Le laisserez-vous entrer ?Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Alex Sol pour avoir accepté ma demande de SP via le site SimPlement. En réalité, elle me l'avait proposé il y a déjà deux ans, mais je n'avais pas pu accepter, par manque de place libre (je ne peux accepter que cinq livres en même temps) ainsi que de temps.
J'en profite pour valider la catégorie n°34 (Un livre avec un jeu de mot dans le titre) du Défi Lecture 2021.
Concernant la couverture, j'aime bien. Elle nous renvoie un petit côté angoissant ainsi qu'une sensation d'emprisonnement. C'est un assez bon résumé de l'ambiance du livre.
Concernant la plume, j'ai été plus que ravie de retrouver celle d'Alex Sol, que j'ai déjà eu le plaisir de lire une fois. Ce fut une nouvelle expérience plus qu'intéressante, avec une plume fluide et agréable, angoissante, glaçante, poignante et pleine d'émotions.
Il y a néanmoins une chose qui m'a interpellée. Il y a pas mal de phrases et de mots en anglais (avec leur traduction en bas de page), la personnage principale étant d'origine irlandaise. Jusque là, pas de souci. Mais certaines fois, il est dit qu'elle parle en anglais, mais la phrase reste en français. Pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas la mettre en anglais avec la traduction, comme les autres ?
Passons maintenant à la narration, la première de ce genre que je rencontre (à par dans les Livres dont vous êtes le héros) : une narration avec le "vous" qui m'a un peu déstabilisée au début. Pourquoi ? Parce qu'en général lorsque je la rencontre, j'interagis avec le livre pour mener ma propre aventure et prendre mes propres décisions, chose que l'on ne retrouve évidemment pas ici, et j'étais dans l'attente... lol Au bout de quelques pages, cependant, je l'ai finalement trouvée très immersive. Ici, nous ne sommes pas pris à partie, nous sommes le personnage principal, nous sommes Karen ! C'est très efficace !
J'ai aussi énormément aimé l'alternance présent/passé au sein du récit. Chaque début de chapitre commence par la date, donc aucun risque de se perdre.
On commence au présent, avec la vie de Karen et de sa fille Judith, un 14 avril 2019 (ma petite sœur fêtait ses 19 ans ce jour là (oui je sais, tout le monde s'en fiche, mais je voulais quand même le dire, na !).).
L'auteure nous emmène ensuite dans le passé, en Irlande, le 18 juin 1991 (mon compagnon fêtait ses 3 ans deux jours plus tard lol), une nuit où Karen et Celynen, deux adolescent amoureux, regardent les étoiles filante tout en faisant des projets d'avenir. Puis nous avançons peu à peu, au fil des chapitres, jusqu'au drame qui aura lieu en 2009...
Dans les chapitres au présent, nous apprenons à découvrir Karen, une femme solitaire qui se mêle peu aux autres, méfiante, stressée, très protectrice envers sa fille. Certains diraient paranoïaque. Nous finissons par comprendre qu'elle traine un lourd passé et essaye de vivre normalement. Mais quand on a vécu ce qu'elle a vécu, est-il vraiment possible d'oublier et de vivre comme avant ?
Dans les chapitres au passé, nous retrouvons une Karen complètement différente, pleine de vie, amoureuse, joyeuse et ouverte. Une Karen qui déménage en France, pour suivre le rêve de son amour de jeunesse qui est maintenant son mari. Une Karen qui tombe enceinte. Une Karen que j'ai eu envie de secouer à un moment, mais aussi une Karen qui m'a fait tellement de peine (j'ai connu la même situation qu'elle, moi aussi, un mois après mon premier accouchement mais, je ne me sentais pas redevable, je n'ai juste pas eu le choix...). Une Karen qui... Non ! Non, je ne vais pas en dire plus, car ce serait en dire trop.
Néanmoins, les chapitres au passé nous permettent de mieux comprendre pourquoi la Karen du présent est ainsi, méfiante, sur le qui-vive, réactive, impulsive, mais aussi avec une force de caractère impressionnante. Et laissez-moi vous dire qu'elle a bien des raisons de l'être et que plus d'une l'auraient perdue, la raison... Mais ce n'est pas tout, non, ce serait trop facile. Les secrets enfouis du passé ne sont pas la seule chose que Karen doit craindre. Parce que le danger est littéralement à sa porte et qu'elle fera tout pour protéger sa fille ! Tout ? Vraiment tout ? Même ce qui serait moralement réprouvable et répréhensible ? Ça, vous ne le saurez que si vous lisez ce livre. lol ;-)
J'ai envie de vous dire tellement de choses sur ce livre, mais comme le résumé reste volontairement flou, je ne veux pas vous en dire trop et risquer de vous spoiler le livre. En dire assez pour vous donner envie sans en dire trop pour ne pas vous dévoiler l'intrigue est un exercice périlleux...
Laissez-moi simplement rajouter que certaines scènes sont très difficiles et que ce livre n'est pas à mettre devant tous les yeux. Je me souviens qu'à un moment de ma lecture, mon compagnon m'a demandé ce qui me mettait dans un état pareil. Je lui ai fait un petit résumé et il m'a arrêté, m'a dit qu'il ne voulait pas en savoir plus et que je n'étais pas bien de lire des trucs pareils. Bah oui, mais je ne savais pas moi...
Mais en même temps, je ne le regrette pas, parce que ce livre a beau être très dur, c'est aussi une réalité qu'il faut "accepter" en tant que telle (l'auteure nous fourni des chiffres qui font froid dans le dos), mais aussi combattre et refuser, car de telles choses ne devraient plus exister de nos jours. Oh ça non !
Avec sa plume sans fard et sans chichi, avec une vérité nue, des faits et une narration inclusive, Alex Sol nous fait passer par toute une myriades d'émotions. J'ai éprouvé de la curiosité, du désarroi, de la peine, de la compassion, de la tristesse, de la colère, du dégoût... On passe parfois de l'un à l'autre d'un coup, et c'est éprouvant, mais cela maintient l'attention, ainsi qu'une tension exacerbée par le huis clos anxiogène des protagonistes, et une envie de toujours tourner les pages... ou de souffler un peu pour les plus sensibles, ce qui est tout à fait compréhensible.
Avec ça, même si nous sommes Karen, cela ne nous empêche pas de nous demander : "Et moi, qu'est-ce que j'aurais fait ? Comment aurais-je réagi à sa place ?"
Plusieurs fois, j'ai eu quelques doutes à propos d'une certaine personne, mais au fil de l'histoire j'ai bien vu que c'était impossible. J'ai douté. Et puis j'ai compris.
Concernant la fin, elle est dans la même veine que le roman et ne détonne pas. Je ne vais pas vous dire si elle est heureuse ou pas, mais je trouve que c'est une continuité logique.
En résumé, ce livre est un coup de cœur. Oui, certes, il est très dur dans ses deux sujets principaux, mais il est rehaussé par une plume addictive, angoissante et dirigée avec brio. On y suit une descente aux enfers à la fois dans le passé et dans le présent, en huis clos principalement, ce qui fait que la tension est présente tout au long du roman. Le fait que la narration soit à la seconde personne du pluriel nous immerge encore plus dans l'histoire et dans les tourments ressentis par Karen (nous faisant nous-même éprouver plein de choses), dont la psychologie est extrêmement bien fouillée et travaillée.
Un roman sombre et très dur à ne pas mettre entre toutes les mains, mais que je conseille néanmoins plus que fortement. Je pense d'ailleurs acheter la version papier parce que ce livre, je le veux en format physique dans ma bibliothèque !Pour le dévorer, c'est par ici ou par là.
« L'Aigle et le Koto T1 - Les Noces Duelles - Axel WitzkeRéception Masse Critique Babelio du 15 Septembre 2021 »
Tags : Jamais d'eux sans toi, Alex Sol, auto-édition, thriller psychologique, manipulation, amour, famille, huis clos, secrets, passé, peur, abus, violence, dégradation
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