Un thriller fantastique aux personnages attachants.

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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Didier Bloch pour l'envoi de son livre papier, ainsi que pour sa confiance et, surtout, pour sa grande patience car mon délai de traitement a été plus que long. Je m'en excuse d'ailleurs encore une fois.

J'en profite pour valider la catégorie n°56 (Roman ou récit mettant en avant une femme qui ne dépend pas d'un homme) du Défi Lecture 2024.

Concernant la couverture, je n'étais pas spécialement emballée, je l'avoue, même si elle est à la fois simple et jolie. Cependant, après lecture, je la vois d'un autre œil et je trouve qu'elle est tout à fait appropriée.

Concernant la plume de Didier Bloch, j'ai de nouveau pris plaisir à la retrouver, fluide et agréable, mêlant quotidien et fantastique, humour et tension. J'ai beaucoup aimé que chaque chapitre commence par la date, ce qui évite de se perdre et permet de mieux se situer sur la temporalité avec les flashback tout comme sur l'action en cours.
J'ai adoré les "la" ou "le" ajoutés devant les noms/prénoms, utilisé par les gens du village montagnard. Cela fait tellement rustique et authentique. Et pas malveillant, au contraire de nous citadins, lorsque nous l'employons.
Si je devais trouver un petit défaut, je dirais qu'il y a parfois des paragraphes narratifs trop longs. Attention, je parle ici de confort visuel uniquement. Un gros paragraphe d'une page, par exemple, qui mériterait d'être divisé en plusieurs petits pour éviter l'effet pavé. Il y a aussi quelques petites erreurs au niveau de la gestion des majuscules, un peu trop de points d'exclamation dans les dialogues, mais rien de bien méchant.

Didier m'a contactée pour la première fois il y a un peu plus de deux ans, via le formulaire de mon blog, pour me proposer la lecture de son recueil de nouvelles, Parfois sur terre - Étranges histoires, que j'ai beaucoup aimé. Il m'a ensuite envoyé Le cheveu, auquel j'ai bien accroché également. C'est pourquoi je n'ai pas hésité lorsqu'il m'a proposé son nouveau livre, que j'ai reçu en novembre 2023.

Oui, vous avez bien lu. Novembre 2023... Nous sommes en août 2024... Vous comprenez donc pourquoi je parlais de long délai... ^^'

Pour être honnête, j'avais commencé ce livre en janvier 2024, mon premier livre de l'année. Je l'avais cependant abandonné au bout d'une dizaine de pages, n'arrivant pas à rentrer dedans... Il faut dire que Gremlin n°3 était né depuis trois semaines, que j'avais passé une semaine et demie à la maternité et que je n'étais rentrée chez moi que depuis deux semaines... Et puis les choses étant ce qu'elle sont avec trois gremlins à gérer, plus une maison et beaucoup de demandes de SP, je n'arrivais plus à trouver de temps pour tenir mon engagement auprès de Didier...
Jusqu'à ce mois d'août où j'ai explosé mes délais (dans le bon sens) et me suis dégagée du temps. J'ai donc sauté sur ce livre qui attendait depuis trop longtemps d'être lu... Et je suis tout de suite rentrée dans l'histoire. Comme quoi, le mois de janvier n'était tout simplement pas le bon moment...

Nous commençons d'entrée de jeu avec un prologue angoissant qui nous fait nous poser beaucoup de questions et nous met en appétit.

Ensuite, nous partons à la découverte de l'une de nos protagonistes : Apolline Decauque. C'est une jeune femme qui a quitté Paris et est partie vivre en montagne dans le chalet familial isolé, seule chose qu'il lui reste de ses parents, décédés dans un accident quelques années plus tôt. Cette dernière ne s'en est jamais remise et broie du noir toute la journée. Seule.

L'unique personne qui arrive à la sortir de sa solitude est Ombeline, sa voisine agricultrice, éleveuse de chèvres et de pintades, dont les fromages sont réputés dans la région. Cette dernière s'est faite toute seule, sans l'aide de personne et si certains se moquent d'elle dans son dos, ils évitent de le faire en face, vu son tempérament et sa carrure impressionnante. La parisienne va cependant souvent l'aider avec plaisir dans ses tâches quotidiennes.

C'est en raison de leur amitié qu'Apolline va se confier à sa voisine lorsque d'étranges évènements vont commencer à lui arriver, de longues absences ainsi que de terrifiantes visions, toujours annoncées par le son d'un carillon en bambou. Même si cette dernière ne la prend pas forcément au sérieux au début, elle va tout faire pour l'aider, quitte à lui remonter les bretelles.

Le problème, c'est que ce don se fait remarquer par les mauvaises personnes, ce qui va alorsdéboucher sur une chasse à l'homme, ou plutôt à la femme. Comment Apolline va-t-elle s'en sortir ? S'en sortira-t-elle, d'ailleurs ? Quel est cet étrange don ? Cadeau de Dieu ou bien fardeau ?

J'ai aimé le personnage d'Apolline avec la difficulté de son deuil, ses forces et ses faiblesses, la peur de ses absences ainsi que de ses visions, la façon dont elle finit par avancer malgré tout, son envie d'aider les gens. Son duo avec Ombeline est vraiment très appréciable et, d'ailleurs, j'ai également beaucoup apprécié cette dernière, plutôt brute de décoffrage, mais également une amie sincère et fidèle.

Albéric Tusse est aussi un personnage que j'ai adoré. Je vous tairai qui il est, mais j'ai aimé son caractère, sa façon de voir les choses, de réfléchir, les décisions qu'il a prises ainsi que son humour.

Un petit détail tout à fait personnel qui m'a de nouveau dérangée, et Didier doit déjà savoir où je veux en venir, c'est encore l'omniprésence de l'alcool. Chaque coup dur, chaque décision difficile, chaque annonce sortant de l'ordinaire, tout amène les personnages à en boire. À croire que rien n'est possible sans lui et qu'ils ne tiennent que grâce à ça... Sans compter qu'ils ne boivent pas de la bière, mais tournent au whisky, à la chartreuse, au génépi, à la prune...
Je sais que c'est un ressenti tout à faire personnel, que ne buvant pas et ayant vécu avec des alcooliques je suis totalement partiale et pas du tout objective. Mais c'est un détail que je n'ai pas apprécié et je voulais le mentionner.

J'ai cependant adoré le fait que la nature et la météo prennent une place importante. La canicule à Paris, le froid, la bise et la neige dans la montagne ; le besoin d'Apolline de s'apaiser et de se resourcer en se promenant ; la sensation de bien-être qu'ont les personnages en inspirant fortement l'air pur de la montagne... Ce sont des petits moments d'évasion très plaisants, souvent accompagnés de belles descriptions.

Petite bulles qui font du bien là où certaines révélations nous donnent plutôt des frissons, tant par ce que certains personnages se permettent, que par transposition dans la vie réelle où l'on se demande si de telles choses pourraient se produire. Personnellement, j'aurais tendance à dire que l'être humain ne me surprend plus...

Si, dans Le cheveu, l'auteur avait déjà abordé le thème de la mort, mais en choisissant le côté fantomatique, il récidive ici, mais d'une autre façon. Dans ce roman, il sera plutôt question de prémonition, d'angoisse quant à sa propre mort et de la perception que l'on peut avoir de celle-ci.
Petit aparté, mais j'ai beaucoup apprécié avoir une référence au roman susnommé au cours de ma lecture.

Concernant la fin, je l'ai certes trouvée un peu abrupte, mais pas déplaisante, au contraire. J'aurai aussi apprécié quelques réponses en plus, mais je n'en ressors pas frustrée pour autant.

En résumé, j'ai passé un bon moment entre les pages de ce livre. Encore une fois, et c'est là la patte de l'auteur, Didier Bloch mêle ordinaire et fantastique avec des personnages lambdas (mais néanmoins travaillés) à qui il va arriver des choses qui, on peut le dire, sortent elles de l'ordinaire et qui vont petit à petit faire monter la tension.

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