• Interview de Lucas Leverger

    Tout d’abord, présentez-vous un peu.

    J’ai 45 ans. Je vis en couple et nous avons une fille (13 ans). J’ai longtemps travaillé dans le

    domaine social auprès d’enfants et d’adultes handicapés. Je me suis par la suite tourné vers

    l’informatique.

     

    Quels ont été les auteurs qui ont bercé votre enfance ?

    Les auteurs de la collection Safari Signe de piste. J’ai dix ans et je suis en CM2. Dans

    l’armoire de la salle de classe de mon école se trouve une cinquantaine de livres essentiellement

    de cette collection. On avait le droit d’en emprunter un par semaine. J’ai tout lu en un temps

    record. Je me souviens que devant cette passion, mon maître (à l’époque, on les appelait comme

    cela) m’avait autorisé à en prendre deux à la fois. Une folie. La collection comptait les romans

    de Serge Dalens avec la série des Éric essentiellement, mais aussi d’autre stitres passionnants.

    Par la suite, je suis entré dans ma période science-fiction : Les aventures de Perry Rodhan (un

    pur bonheur), Isaac Asimov (un peu difficile à lire à 12 ans), Arthur C. Clarke. (Chants de la

    terre lointaine) ou encore Tim Powers (les voies d’Anubis). Mais entre des centaines de titres,

    Le soleil va  mourir de Christian Grenier et Les brontosaures mécaniques de Michael

    Coney sont des romans qui m’ont beaucoup marqué dans ce domaine. Mais, bien entendu, j’ai

    aussi été soumis au classique de la bibliothèque Rose et Verte comme beaucoup de gosses. Mais

    je les lisais tellement vite qu’ils ne suffisaient pas à satisfaire mes envies. Je me souviens d’un

    devoir dans lequel il fallait présenter un livre, j’étais en 6e. Le choix de la plupart de mes

    camarades s’était porté vers le Enid Blyton, Jules Verne ou encore Michel Tournier. De mon

    côté, j’avais présenté Demain les chiens de Clifford D. Simak. Personne n’a rien compris au

    livre et à mon exposé. J’ai eu un zéro pointé, ce qui par la suite n’a pas arrangé mes difficultés

    relationnelles avec mes profs de français. Puis, j’ai mis la main sur Cujo de Stephen King et

    Bérurier au Sérail de Frédéric Dard. Des auteurs qui ont certainement été des facteurs

    déclencheurs.

     

    Depuis combien de temps écrivez-vous ?

    Depuis juillet 2015. Je me suis enfin décidé à mettre sur traitement de texte ce qui trottait

    dans ma tête depuis des années. Je m’étais toujours fixé l’objectif de passer de l’autre côté du

    miroir. Le temps file très vite et c’était le bon moment pour le faire. Je n’ai peut-être pas

    commencé par le roman qui fera de moi le nouveau Marc Levy, mais j’ai écrit ce qui me tenait à

    cœur. De ce premier roman Regarde au fond du lac, je me suis surtout attaché aux

    personnages et j’ai peut-être raté l’intrigue. Je n’ai pas non plus agi en professionnel dans la

    qualité de l’ « aurtografe » et la « gramère ». Aujourd’hui, je regrette un peu cette erreur. J’ai

    commencé en croyant tout faire tout seul, ce qui est une illusion. À présent, je fais appel aux

    services d’un correcteur et j’écoute les conseils en écriture d’une personne pour qui j’ai

    énormément de respect (merci, Elen).

     

    Combien de livres à votre actif ? Tous du même genre ?

    Pour l’instant 4 romans policiers. Il s’agit d’une série Les enquêtes de Martin et Chavelier. Ce

    projet de raconter les enquêtes de deux flics à longtemps voyagé dans ma tête. Le

    cinquième volet est bientôt prêt.

     

    Où avez-vous trouvé l’inspiration pour créer le policier dans Conscience professionnelle ?

    Je recherche parmi les personnages de films correspondant au genre littéraire que j’écris, des

    profils pouvant entrer dans l’histoire. Dans Conscience professionnelle, c’est le personnage

    central, Jack Mosley, du film 16 blocs de Richard Donner qui m’a servi de référence.

     

    Pourquoi ce choix de créer un cliché avec son alcoolisme ?

    Ce que nous vivons dans notre enfance nous influence pour la vie. Il faut que je sois vigilant à

    ce que ce thème ne revienne pas trop souvent. Mais je reconnais que mes textes me servent

    parfois d’exutoire.

     

    Il a un caractère un peu particulier, mais, mis à part son problème évident d’alcool, il m’a

    beaucoup plus dans sa façon de voir les choses. Y a-t-il un peu de vous en lui ?

    Je pense qu’à long terme, il est négatif de s’identifier à son personnage ou de le construire

    selon ses propres caractères. C’est selon moi, une sorte de nombrilisme dans lequel on peut vite

    se retrouver à tourner en rond. Les personnages de mes romans se profilent selon l’histoire et

    sont souvent inspirés de références cinématographiques.

     

    Retrouve-t-on un peu de ce style "piquant" dans vos autres ouvrages ?

    Dans les romans policiers qui composent la série Les enquêtes de Martin et Chavelier, j’ai

    décris des genres différents. Les deux personnages sont plus équilibrés, plus « normaux »

    socialement. Ce sont deux flics que j’ai voulu « modernes ». L’un vit en couple (se prépare à

    devenir père) et possède un côté intellectuel, tandis que l’autre est un sportif, éternel

    célibataire. Ce qui me permet dans le récit de créer une complémentarité, la réflexion pour l’un

    et l’action pour l’autre. Dans le thriller/policier que j’écris en ce moment, le personnage central

    est une femme, capitaine de police, mère célibataire. Ce personnage va se débattre entre une

    enquête difficile, la rigueur de son rôle de mère, son statut de femme dans la police et ses

    désirs.

     

    Comment se passe, pour vous, l’écriture d’un livre ?

    Je passe par plusieurs stades. Au commencement, c’est toujours l’euphorie. Après, il y a des

    jours de production intensive satisfaisante et des jours où je ne produis pas une ligne ou alors

    du très mauvais, ce qui est très frustrant. Lorsque je tape le mot fin sur le clavier, c’est pour

    moi, comme passer la ligne d’arrivée d’un marathon en vainqueur. Mais, selon moi, le plus

    « tragique » c’est de produire 150 pages d’un roman et prendre soudain conscience qu’il est si

    mauvais qu’il est préférable de tout jeter. Ça m’est arrivé trois fois.

     

    Avez-vous besoin de musique ou plutôt de calme ?

    Il me faut du bruit. J’écris au milieu des miens. Au salon de préférence. J’allume la télévision

    (films, le plus souvent) où j’écoute de la musique (tous les genres), je surfe aussi sur Facebook

    en même temps. Je m’entoure de toute stimulation qui m’aide à rédiger mon histoire.

     

    Avez-vous l’ensemble dès le départ ou y a-t-il une grande part d’improvisation ?

    Pour un nouveau roman, je cherche une intrigue. Un truc dans le genre : « Un homme assis à la

    terrasse d’un café à Paris reçoit un SMS sur son téléphone mobile. Il le lit, se lève et se dirige

    vers la première station de métro. Arrivé sur le quai, il se suicide en se jetant sous la rame. »

    Ensuite, je crée graphiquement la couverture de ce roman. Même si elle sera modifiée par la

    suite, j’en ai besoin pour concrétiser l’histoire. Après, je range le tout dans mon ordinateur et

    ma tête pour laisser murir. Pendant ce temps, je continue le roman en cours. Le nouveau projet

    travaille en tâche de fond dans mon petit cerveau. Une fois, que le projet a muri et que j’ai en

    tête les points principaux de l’histoire, je me concentre sur le casting avec la création des

    personnages et de leurs profils. Ensuite, tout le monde entre en scène et l’histoire peut

    commencer. Je respecte un fil conducteur afin de construire un récit captivant pour le lecteur,

    mais mes personnages ont libre cours dans leurs actions et leurs textes. Donc, oui, il y a une

    structure au départ et de l’improvisation ensuite. La difficulté étant de gérer tout ce petit

    monde.

     

    Combien d’heures par jour ?

    Je compte en page. En moyenne 6 à 7 par jour. Parfois, il me faut deux à trois heures et

    parfois dix pour les produire.

     

    Quel choix avez-vous fait pour être édité ? Pourquoi ?

    J’ai choisi l’auto-édition comme beaucoup parce qu’elle offre une certaine liberté et un

    contrôle total. Mais il faut regarder les choses en face, c’est aujourd’hui un des rares moyens

    de se faire éditer à moindres frais. Même si le système est décrié et discutable, Amazon

    offre un service abordable. La plupart des grandes maisons d’édition sont devenues

    inaccessibles et refusent tout nouveau manuscrit. Mais surtout, je conçois mon travail

    d’écrivain comme une entreprise artisanale et non comme une activité artistique. Mes romans

    sont pour moi, des articles que je crée pour les vendre. Les critères d’exigence sont : la

    qualité, la régularité, la compétitivité, la satisfaction clientèle. Mon objectif actuel est donc la

    recherche de lecteurs réguliers, plus que celle d’un éditeur. Mais je reste conscient que je

    serais certainement un jour obligé de rechercher un contrat avec une maison d’édition pour

    atteindre mes objectifs.

     

    Avez-vous d’autres projets ?

    Personnels ? Oui, j’en ai toujours. Les projets sont des moteurs dans la vie. Sinon c’est la

    routine et la mort. Quant aux projets littéraires, je regrette juste que les journées ne

    comptent que de vingt-quatre heures.

     

    J'ai été ravi de répondre à cette interview et je vous remercie.


    ~ * ~ * ~


    Un grand merci à Lucas Leverger pour avoir pris le temps de répondre à mes questions de manière aussi complète alors que c'était sa toute première interview. ^^

     

    ~ * ~ * ~

     

    Bibliographie de Lucas Leverger :
    Conscience professionnelle (Nouvelle)
    L'ange et la mort (Nouvelle)
    Regarde au fond du lac (Les enquêtes de Martin et Chavelier I)
    Un whisky on the rocks (Les enquêtes de Martin et Chavelier II)
    Au triple galop (Les enquêtes de Martin et Chavelier III)
    Vol du soir espoir (Les enquêtes de Martin et Chavelier IV)
    Indie Story (Les enquêtes de Martin et Chavelier V - En cours d'écriture)
    Des jours sans toi (Roman)


    Livres lu 
    Conscience professionnelle
    Des jours sans toi


     Où trouver l'auteur ?
    Site de Lucas Leverger 

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